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Une étape dans l’ « approfondissement de la révolution socialiste » au Vénézuela

octobre 2010, par Saint Martin d’Hères

Accélération de la « Révolution agraire » et de la politique de nationalisations

Deux semaines après la première réussie de l’alliance historique socialiste-communiste au Vénézuela lors des législatives du 26 septembre, le président de la République Bolivarienne a mis en œuvre ce dimanche la première étape de l’ « approfondissement de la révolution socialiste » défendue pendant la campagne par l’allié communiste.

« Bourgeoisie, attention ! Dans quelques minutes, j’annoncerai une nouvelle nationalisation », c’est ainsi qu’Hugo Chavez a commencé ce 10 octobre son allocution dominicale de l’émission ’Allo presidente !’.

Chavez a en fait annoncé deux nationalisations d’entreprises situées stratégiquement dans le processus de production nationale : celle du site de production d’engrais Fertinitro entre les mains notamment de l’américiain Koch et de l’italien ENI, et de l’entreprise spécialisée dans la production de lubrifiants Venoco.

Pour le président, la nationalisation de Venoco est réalisé non seulement pour « continuer à construire la patrie socialiste et la souveraineté du pays » mais elle était aussi une nécessité par la position de monopole que l’entreprise avait acquise, notamment auprès de l’entreprise nationale pétrolière PDVSA, et qui lui permettait de spéculer au détriment du peuple vénézuelien :

« Cette entreprise nous faisait toujours le même coup : Pétroles du Vénézuela (PDVSA) produisait la base de lubrifiants et la vendait au privé, puis ils achetaient la matière première et nous revendaient les produits quatre ou cinq fois plus chers ».

Pour Chavez, la nationalisation profitera tant au(x) producteur(s) qu’au consommateur : « Avec cette action, on va baisser les prix des lubrifiants et nous allons libérer les travailleurs ».

La nationalisation de Fertinitro, un des sites majeurs dans le monde pour la production d’engrais, devait elle se concevoir dans le cadre du « plan de souveraineté agro-alimentaire ». Cette entreprise devait « devenir propriété de la patrie, les maîtres de tout cela sont la Patrie et le peuple ».

« Aujourd’hui est venue l’heure d’accélérer la Révolution agraire »

En effet, la nationalisation de cette entreprise stratégique dans la production d’engrais est insérée dans ce que Chavez appelle justement non pas une « réforme agraire » mais bien une « Révolution agraire ».

Lundi 4 octobre, Hugo Chavez annonçait la nationalisation d’ « Agroisleña », géant de l’industrie agro-alimentaire vénézuelienne, producteur notamment d’engrais et de produits chimiques. Elle fournit actuellement 60% des matières premières utilisées dans le secteur agricole.

Parmi les toutes premières mesures symboliques attachées à cette nationalisation : la baisse immédiate du prix des semences, engrais et produits agro-chimiques ; et surtout le changement de nom en « Agropatria ».

Dans sa « Ligne de Chavez » du 10 octobre intitulé justement « Agropatria ! », Hugo Chavez indiquait le but de telles manœuvres, mener la guerre contre les latifundistes pour éliminer la grande propriété terrienne, source d’exploitation et d’asservissement social : « Que les latifundistes sachent qu’est fini le temps de l’oligopole dont ils ont tellement profité : aujourd’hui est venue l’heure d’accélérer la révolution agraire ».

Dans le cadre de cette révolution agraire, le gouvernement bolivarien prévoit également l’expropriation des terres de la « Compania Inglesa » appartenant à la famille britannique Vestey, entre 200 000 et 300 000 hectares de terres cultivables.

Depuis 1999, et le début de la révolution bolivarienne, 2,5 millions d’hectares de terres ont déjà été nationalisées.

Soutien total des partenaires de l’alliance bolivarienne et socialiste : le syndicat UNETE et le PCV

Le premier soutien du gouvernement de Chavez est celui de son propre parti, le PSUV, de la bouche du député Carlos Escarra, au nom des députés socialistes : « Nous nous solidarisons avec les mesures prises par le Président vis-à-vis de Agroisleña, Venoco et Fetrinitro ».

Même si cette déclaration exprime certaines précautions sur la question de la propriété : « Il n’est fait aucune référence dans notre constitution à un type de propriété en particulier, parce que quand on garantit le droit de propriété, on le garantit dans son intégralité. En ce sens, il n’existe aucun autre État qui n’ait plus renforcé la propriété privée que cet État ».

Il faut rappeler qu’actuellement 65% de la production nationale vénézuelienne est encore assurée par le secteur privé. Le même niveau qu’en 1999, au début de la révolution bolivarienne.

Le processus d’ « approfondissement de la révolution socialiste » bénéficie néanmoins du soutien enthousiaste et résolu des autres partenaires de l’alliance bolivarienne, et en particulier des communistes.

L’UNETE, principale centrale syndicale du pays, « soutient les expropriations de Agroislena, Venoco et Fertinitro, dans le cadre de la construction de la souveraineté agro-alimentaire et énergétique ». Mais elle incite à articuler ces nationalisations avec une participation populaire des travailleurs à la gestion de l’entreprise.

Le Parti communiste Vénézuelien (PCV) soutient totalement ces nationalisations mais comme l’UNETE insiste sur la nécessité « que l’on progresse vers la construction de conseils des travailleurs et travailleuses ; de mécanismes de participation des petits et moyens producteurs, que l’on permette que des décisions de ce genre soient orientées vers la transformation des rapports sociaux de production, vers la socialisation des moyens de commercialisation, de redistribution et de production ».

A partir notamment des différents articles publiés par Tribuna popular, organe du Parti communiste du Vénézuela.

Site Internet du parti communiste du Vénézuela : http://www.pcv-venezuela.org/