Chaque année, le 17 novembre, des marches anti-impérialistes ont lieu dans toute la Grèce, dont la plus symbolique qui a lieu à Athènes et qui se termine devant l’ambassade des États-Unis. Le rassemblement du 17 novembre reprend les slogans « USA out - OTAN out » et « pain-éducation-liberté », qui furent ceux du soulèvement de l’Ecole Polytechnique, mais se fait également le relai de revendications plus contemporaines (contre l’implication de la Grèce dans les plans impérialistes US-OTAN) et des luttes des travailleurs et du peuple pour les droits au travail, à l’éducation, à la santé, aux libertés individuelles et syndicales. La bourgeoisie, ses gouvernements et ses alliés de l’US-OTAN trouvent ces commémorations militantes du soulèvement de l’Ecole Polytechnique très dérangeantes.
Cette année, le gouvernement ND, dans son escalade autoritaire et répressive, a interdit les manifestations anti-impérialistes et les rassemblements de plus de trois personnes à travers tout le pays, sous prétexte que la marche serait une « bombe à retardement » sanitaire en raison de la pandémie COVID-19. L’hypocrisie du gouvernement est énorme, car il est le seul responsable des « bombes à retardement » sanitaires quotidiennes qui ont pour foyer les transports publics, les lieux de travail et les écoles. De plus, il est responsable, avec le précédent gouvernement SYRIZA, des déficiences dramatiques dont notre système de santé publique a souffert lors de cette pandémie.
Le KKE, le PAME, et le mouvement populaire des travailleurs ont déjà prouvé le 1er mai, et à des dizaines d’autres occasions, qu’ils pouvaient adapter les formes de lutte militante aux conditions de pandémie et faire respecter tous les protocoles sanitaires établis par les scientifiques, et tout cela bien mieux que le gouvernement.
Le KKE, ainsi que des dizaines de syndicats, d’associations d’étudiantes et d’autres organisations de masse, ont dénoncé l’autoritarisme du gouvernement et ont déclaré que la commémoration militante aurait bel et bien lieu, en respectant toutes les mesures sanitaires, et que la tentative du gouvernement d’interdire la marche échouera. Même l’Union des juges et des procureurs a souligné que la décision du gouvernement était anticonstitutionnelle et lui a demandé de l’annuler.
Le 17 novembre à midi, à Athènes, des manifestants portant des bannières et des drapeaux du KKE ont pu défier la décision autoritaire et antidémocratique du gouvernement, en effectuant une marche qui a atteint l’extérieur de l’ambassade des États-Unis, entourée de bus de police et de nombreuses forces de police anti-émeute. Le secrétaire général du KKE, Dimitris Koutsoumbas, a été accueilli par les applaudissements des manifestants et a déposé une gerbe à l’endroit où la police avait torturé des militants pendant la dictature militaire. D. Koutsoumbas a déclaré :
« Les revendications du soulèvement de l’Ecole Polytechnique sont opportuns. Les mots d’ordre »USA dehors« , »OTAN dehors« , »Pain, éducation, liberté, travail et santé« , continuent d’animer la jeunesse et le peuple grec, qui luttent tous les jours contre une politique anti-populaire. Il est inacceptable d’utiliser le prétexte de la pandémie pour prendre des mesures anti-populaires réactionnaires et interdire les événements commémoratifs du soulèvement de l’Ecole Polytechnique avec le caractère hautement symbolique qu’il revêt cette année. La décision de la police grecque, sur ordre du gouvernement, d’interdire tout rassemblement de plus de 3 personnes, surtout aujourd’hui, est inacceptable, antidémocratique, anticonstitutionnelle et dénoncée par l’ensemble des forces politiques du pays. Même les partisans de ND et de KINAL - qui n’ont pas signé le texte commun dénonçant la décision criminelle, inacceptable et dangereuse de M. Chrysochoidis - dénoncent cette interdiction. Le peuple grec, indifférent à l’insécurité cultivée par un gouvernement qui a failli à toutes ses responsabilités au cours de ces dernières années, est du côté de ceux qui combattent de tout cœur dans les luttes, dans les rues d’Athènes, dans les rues de toute la Grèce. C’est pourquoi le soulèvement de l’École Polytechnique sera éternel ».
Interrogé par un journaliste sur la manifestation du KKE devant l’ambassade américaine, il a répondu : « Ils font simplement ce qui va de soi. C’est un geste symbolique des jeunes Grecs - comme vous pouvez le voir, il y a un nombre conséquent de participants - contre l’impérialisme américain, contre ce que notre pays a subi à cause de la politique des États-Unis et de l’OTAN ».
Plus tard dans l’après-midi, alors que le rassemblement du KKE se déroulait dans le centre d’Athènes et de manière organisée, en observant toutes les mesures de protection sanitaire, la police a déclenché une offensive avec matraques, gaz lacrymogènes, canons à eau et grenades assourdissantes. La police n’a pas hésité à attaquer les députés du KKE, tout en blessant des manifestants et en procédant à des dizaines d’arrestations. Le secrétaire général du KKE, Dimitris Koutsoumbas, à la tête du rassemblement en compagnie d’autres cadres du KKE, a vivement dénoncé la répression barbare et a exigé la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées. De même, le KKE dénonce l’attaque barbare et sans motif de la police.