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Solidarité avec la sénatrice progressiste colombienne Piedad Cordoba, femme de paix et combattante des droits de l’Homme, destituée de son mandat par les autorités colombiennes

octobre 2010, par Saint Martin d’Hères

Le 27 septembre dernier, le procureur général de Colombie Alejandro Ordonez annonce qu’il « sanctionne disciplinairement l’actuelle sénatrice Piedad Cordoba Ruiz, par sa destitution et son incapacité à concourir aux charges publiques pendant 18 ans (…) pour avoir fait la promotion et avoir collaboré avec les FARC ».

Une sanction disciplinaire et non pénale, car la base légale d’une telle procédure est quasi nulle et repose avant tout sur le pouvoir discrétionnaire du procureur général.

Conseils donnés aux FARC, sollicitation de la guérilla afin d’obtenir la libération de prisonniers, déclarations publiques présentant sous un jour favorables les FARC, les chefs d’accusation prêteraient à sourire s’ils ne légitimaient pas l’arbitraire.

Les seules preuves d’une collusion entre la sénatrice et la guérilla seraient des documents obtenus sur l’ordinateur de l’ancien chef des FARC, Raul Reyes, abattu le 1er mars 2008. Outre le caractère falsifiable de ce type de document, jamais le nom de Piedad Cordoba n’y serait évoqué explicitement, les accusations reposant sur des supputations et des hypothèses assez douteuses.

Pour l’avocat de Piedad Cordoba, Ciro Quiroz cette « sanction sans précédent » est fondée sur aucune base légale, ce qui renforce sa détermination à « entreprendre des actions en justice pour rendre ce jugement sans effet ».

Persécution politique contre une avocate acharnée des Droits de l’homme en Colombie

Car cette sanction ne peut être interprétée autrement que comme une condamnation politique.

Au moment où l’ex-président Uribe est mis à cause pour l’affaire du « scandale des écoutes », cette affaire fournit à la fois une diversion honteuse pour le pouvoir mais est surtout la preuve manifeste de l’existence d’un véritable système d’espionnage des opposants, et du règne de l’arbitraire dans le système juridico-légal en contradiction avec les principes fondamentaux d’un État démocratique.

Car la sénatrice, figure de l’aile-gauche du Parti libéral (parti historique de centre-gauche), et avocate de formation, dérange le pouvoir.

Depuis sa première élection en 1994, elle a été une critique résolue et conséquente des dérives autoritaires et oligarchiques de la droite colombienne et en particulier des 8 années de présidence d’Uribe.

Elle n’a eu de cesse de dénoncer les violations des droits de l’Homme en Colombie, les collusions entre pouvoir politique et para-militaires, la persécution pour délits d’opinions et activisme politique ou syndical.

Elle s’est fait le porte-voix de tous les opprimés de Colombie : les plus pauvres et les paysans qui constituent l’immense majorité du peuple colombien mais aussi les minorités ethniques et sexuelles du pays.

Et elle a su lier ses combats quotidiens à une haute conscience politique internationaliste, avec son admiration envers l’exemple que constitue la révolution cubaine, et l’espoir soulevé par le processus bolivarien. Ses échanges réguliers et fraternels avec Fidel Castro et Hugo Chavez enrageaient ses détracteurs réactionnaires en Colombie.

Une femme de paix, Nobel en puissance, destituée par des fauteurs de guerre

Mais elle est surtout une femme de paix, dévouée à la recherche d’une sortie pacifique de la guerre civile qui divise la Colombie depuis plus d’un demi-siècle.

Médiatrice privilégiée jusqu’ici des négociations entre les FARC, l’Etat colombien et les Etats étrangers impliqués, elle avait facilité par le passé la libération de plusieurs dizaines d’otages détenus par les FARC et aidé à conclure certains accords partiels entre la guérilla et l’État colombien.

Tout en ne prenant pas ouvertement le parti des FARC, contrairement aux allégations de l’exécutif colombien, elle s’est toujours efforcé de chercher une issue qui éviterait une fin analogue au massacre des années 1990, quand les militants de l’Union patriotique (UP), parti issu d’une tentative de « normalisation » de la guérilla, avaient été décimés par les para-militaires colombiens, avec complicité de l’État.

Par son travail de longue haleine pour le retour de la paix en Colombie, elle avait été même nommée, par le Nobel argentin Alfredo Perez Esquivel, pour recevoir le prix Nobel de la paix 2009 qui avait finalement été décerné au président des Etats-unis, Barack Obama, impliqué alors dans deux conflits meurtriers, en Irak et en Afghanistan.

Solidarité nationale et internationale pour rétablir la sénatrice Piedad Cordoba élue démocratiquement !

Une campagne de solidarité envers la sénatrice progressiste s’exprime déjà dans tout le pays.

Solidarité nationale avec les organisations communistes – Jeunesse communiste et PCC, à travers la voix du rédacteur en chef du journal du parti Voz, Carlos Lozano – qui ont déjà publié des communiqués de soutien.

Des dizaines d’organisations progressistes ont déjà fait de même : syndicats de salariés ou étudiants, associations de défense des droits de l’Homme, associations féministes, organisations religieuses etc.

Solidarité continentale aussi, avec le soutien sans failles apporté par Hugo Chavez qui a déclaré, au bord des larmes en évoquant une amie, qu’il était « convaincu de son innocence (...) C’est une infamie, parce que cette femme a risqué sa vie, j’ai vu sa passion pour la Colombie ».

Nestor Kirchner, ancien président argentin et secrétaire actuel de l’UNASUR (Union des nations d’Amérique du sud) a également exprimé son « respect total pour la sénatrice Cordoba » et a ajouté que « rien ne peut la mettre en lien avec les FARC ».

Solidarité internationale enfin, avec une protestation contre l’injustice du système colombien portée jusque dans l’hémicycle européen par la voix du député communiste espagnol Willy Meyer, au nom du groupe GUE/NGL : « En tant que groupe parlementaire GUE-NGL, nous réaffirmons notre engagement pour une sortie négociée et réclamons l’annulation immédiate de ces mesures prises contre la sénatrice Cordoba pour qu’elle puisse librement exercer son mandat et continuer à travailler pour la recherche d’une solution pacifique au conflit de Colombie. »

Cette effusion de solidarité a touché la sénatrice Cordoba qui a exprimé sa détermination à ne rien lâcher : « Je veux dire à tous les persécutés de Colombie qu’ils peuvent avoir la certitude qu’ils ne vont pas m’intimider et me décourager avec ces accusations, ils doivent avoir la certitude que depuis la prison, si nécessaire, nous allons continuer à travailler pour la liberté, nous allons continuer à accompagner les familles ».

C’est tous les communistes et progressistes, hommes et femmes épris de paix, dans le monde entier qui expriment aujourd’hui leur solidarité avec Piedad Cordoba, victime de l’arbitraire de l’Etat colombien !