Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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Position du PC Brésilien pour le second tour des présidentielles : battre la droite de Serra dans les urnes pour ensuite vaincre les politiques de droite de Dilma dans la rue

octobre 2010, par Saint Martin d’Hères

Le PCB a présenté, pour les élections de 2010, à travers la candidature de Ivan Pinheiro, une alternative socialiste pour le Brésil qui rompe avec le consensus bourgeois, qui fixe la société capitaliste comme un cadre indépassable. Les candidatures du PCO, PSOL et du PSTU ont également joué un rôle important d’opposition.

Aujourd’hui, plus que jamais, il devient nécessaire que les forces socialistes cherchent à constituer une alternative réelle de pouvoir pour les travailleurs, capable d’affronter les grands problèmes causés par le capitalisme et de répondre aux besoins et aux intérêts réels de la majorité de la population brésilienne.

Nous sommes convaincus que les problèmes et la pauvreté que les travailleurs rencontrent, dans l’accès à la terre et à d’autres droits fondamentaux comme l’emploi, l’éducation, la santé, l’alimentation, le logement, le transport, la sécurité, la culture et les loisirs ne seront pas résolus avec plus de capitalisme. Au contraire, ces problèmes s’aggravent avec le développement capitaliste même, qui marchandise la vie et qui repose sur l’exploitation du travail. Voilà ce qui explique notre parti pris clair d’une alternative socialiste.

Encore une fois, la bourgeoisie a réussi à transformer le second tour en une lutte au sein même du camp de l’ordre établi, à travers le poids du pouvoir économique et l’exclusion politique et médiatique des candidatures socialistes, réduisant les alternatives à deux styles de mener la gestion du capitalisme au Brésil, un qui oriente les revendications populaires vers la croissance de l’économie privée avec un accent particulier mis sur le marché ; un autre, qui insiste plus sur les mécanismes de régulation étatique au service de ce même marché.

Dans cette optique, le PCB ne participera à la campagne d’aucun des candidats au second tour et restera dans l’opposition, quelque soit le résultat du scrutin.

Nous continuerons à défendre la nécessité de construire un Front anti-capitaliste et anti-impérialiste, permanent, au-delà des élections, qui conquiert la nécessaire autonomie et indépendance de classe des travailleurs, pour qu’ils puissent intervenir avec leur propre voix dans la vie politique et ne soient pas doublés par des pseudo-représentants qui leur impose un projet politique qui n’est pas le leur.

Le grand capital monopoliste, dans tous ses secteurs – industriel, commercial, bancaire, services, agro-alimentaire et autres – a partagé ses soutiens entre ces deux candidatures.

Toutefois, la droite politique, renforcée et confiante, même par le choix du gouvernement actuel de ne pas la combattre et de traiter avec elle durant tout son mandat, se sent assez forte pour chercher une alternative de gouvernement directement lié aux filières de ses vassaux traditionnels fidèles. Stratégiquement, la droite raisonne aussi du point de vue de l’Amérique Latine, espérant jouer un rôle décisif dans la tentative de neutraliser le développement des expériences populaires et anti-impérialistes, matérialisées en particulier par l’action des gouvernements du Vénézuela, de Bolivie et, essentiellement, de Cuba socialiste.

Les candidatures de Serra et de Dilma, bien que délimitées dans le cadre même de l’ordre bourgeois, diffèrent tant par les moyens et les formes de mises en œuvre de leurs projets, que dans la manière différente dont elles s’insèrent dans le système de domination impérialiste.

Elles mènent à un plus ou moins grand espace d’autonomie et à un plus ou moins grand champ d’action et de manœuvre pour mener les expériences de transformations en cours en Amérique Latine et sur d’autres questions mondiales. Autrement dit, les deux projets divergent dans la manière d’insérer le capitalisme brésilien sur la scène mondiale.

De la même manière, les stratégies de neutralisation des mouvements populaires et syndicales, qui concerne les deux projets concurrents, diffèrent quant à l’accent mis sur la cooptation politique et financière ou sur la répression et la criminalisation.

Une autre différence se manifeste sur la question de la privatisation. Bien que le gouvernement Lula n’ait adopté aucune mesure pour renationaliser les entreprises privatisées par le gouvernement de F-H Cardoso, qu’il ait mis en place les partenariats publics-privés (PPP) et conservé le système de vente aux enchères dans le secteur pétrolier, un gouvernement de droite fera tout son possible pour privatiser Petrobras et livrer les réserves de pétrole « pré-sels » aux multi-nationales.

Pour le PCB, ces différences ne sont pas suffisantes qualitativement pour que nous puissions apporter notre soutien au gouvernement qui s’annonce, de la même manière que nous ne soutenons pas le gouvernement actuel ou ne soutenions le gouvernement précédent.

La candidature Dilma se meut dans une trajectoire conservatrice, beaucoup plus préoccupée par le maintien du statu-quo et par la consolidation de sa base de soutien dans le camp bourgeois que par la promotion d’un quelconque changement de cap favorable aux exigences des travailleurs et des mouvements populaires.

Contre elle, pourtant, la droite est excitée par la possibilité de victoire au second tour, brandissant des drapeaux rétrogrades, poussant pour une soumission encore plus forte aux intérêts des Etats-unis et menaçant de criminaliser encore plus les luttes sociales.

Le principal responsable de cette situation est le gouvernement « Pétiste » lui-même qui, pendant huit ans, n’a pris aucune mesure pour réduire la puissance de la droite dans le processus d’accumulation de capital et n’a pris aucune mesure dans le sens d’une démocratisation des moyens de communication, ni d’une réforme politique qui permette une modification qualitative de la démocratie brésilienne en faveur d’un renforcement de la capacité de pression de la population et de la classe ouvrière organisée, optant pour les largesses des régles viciées du jeu politico-électoral actuel et le poids des appareils institutionnels qui en découlent.

En prenant en compte ces différences dans le camp du capital et les scénarios possibles de développement de la lutte de classes – mais avec la ferme décision de rester dans l’opposition à tout gouvernement qui sorte de ce second tour – le PCB pousse ses militants et sympathisants à voter contre Serra.

Avec l’aggravation possible de la crise du capitalisme, les attaques contre les droits sociaux et les droits des travailleurs ainsi que la répression contre les mouvements populaires peuvent s’intensifier.

La résistance des travailleurs et la conquête de nouveaux acquis dépendront beaucoup de leur disposition à la lutte et de leur organisation et non de la personne qui exercera le poste de Président de la République.

Déclaration du Comité central du Parti communiste brésilien (PCB)

http://pcb.org.br/portal/