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Le secrétaire-général de Refondation Communiste se propose pour la création d’un « Die linke » italien...

octobre 2010, par Saint Martin d’Hères

Avant d’aborder les déclarations récentes du secrétaire-général de Parti de la refondation communiste, Paolo Ferrero, petit retour en arrière pour mieux comprendre l’accélération des événements en Italie.

Congrès de 2008 : élimination de l’aile-droite des liquidateurs, reprise du parti par son aile-gauche.

En décembre 2008, l’aile-droite liquidatrice du Parti de la refondation communiste (PRC) est vaincue au VIIème Congrès du parti, à Chianciano.

Fausto Bertinotti, dirigeant historique du PRC, avait mené le projet de « refondation » du PCI jusqu’à une tentative de nouvelle liquidation. Cette « Gauche arc-en-ciel », projet de nouvelle formation politique dépassant notamment les deux partis communistes (PRC et le Parti des communistes italiens-PdCI), avait subi un échec cuisant aux législatives : 3%, le score le plus faible pour une formation comprenant des communistes, ces derniers étant exclus du Parlement pour la première fois depuis 1945.

La victoire au Congrès n’a été possible que grâce à l’intense travail réalisé par le courant communiste de « L’Ernesto », et à la progression dans le parti du courant identitaire « Essere comunisti » perçu par de nombreux militants comme un rempart, garant du maintien de références communistes dans le parti.

Mais elle ne s’est dessinée qu’après que l’aile-gauche de la direction, menée par Paolo Ferrero et son groupe, a évalué que le projet liquidateur porté par Bertinotti – qu’il avait pourtant soutenu jusqu’ici – était discrédité à court-terme.

Cette aile-gauche de la direction, mais solidaire jusqu’à ce moment-là de cette aile-droite du parti, a alors rejoint l’opposition.

Paolo Ferrero devient le nouveau dirigeant du parti, et l’aile-droite des liquidateurs sort du parti pour fonder autour de la personnalité de celui qui fut l’éphémère successeur de Fausto Bertinotti à la tête de Refondation communiste fin 2008, Nichi Vendola, la formation dite « Gauche, écologie et Libertés » (SEL en italien).

Mais c’est donc bien l’aile-gauche liquidatrice qui restait à la tête du parti (cf cet article de 2009 et la présentation/introduction toujours actuels : Rifondazione : les liquidateurs restés au parti mis devant leurs contradictions, par le directeur de L’Ernesto). Un pied dedans, un pied dehors.

Le projet Fédération de la Gauche comme tentative dissimulée de relance de la transformation/dissolution du Parti

Après le résultat pourtant encourageant de la liste communiste aux européennes de 2009 (3,6%), obtenu dans le chaos le plus total et dans un climat de guerre civile au sein du PRC, la direction décide de prendre la base à contre-pied et de piloter la création d’une nouvelle formation politique.

C’est la naissance, en juillet 2009, de la Fédération de la Gauche.

Certes, la direction soutenue par le groupe « Essere Comunisti » et le PdCI, avance que le projet ne vise pas à créer un « Die linke » italien et d’y fondre donc les partis communistes. Au contraire, la Fédération de Gauche pourrait être un moyen de renforcer le parti.

Un an après, les craintes constructives exprimées notamment par le courant de l’Ernesto se vérifient.

Les architectes de cette Fédération de la Gauche, concomitante de l’expérience Front de Gauche, et s’inspirant en fait du schéma espagnol Izquierda Unida, ont bien en tête le dépassement des partis communistes par une autre « chose », une formation de gauche « sans adjectifs ».

Après le dirigeant d’Essere Comunisti, autour du secrétaire-général de vendre la mèche : « Pour un Die Linke à l’italienne »

Déjà, le 19 mai dernier, dans l’article « Die Linke e noi » (Die Linke et nous) Claudio Grassi, dirigeant du courant « Essere Comunisti », exprimait son admiration pour le projet Linke qui était parvenu à unir tous ces courants de gauche, en dépassant leurs querelles internes. Pour lui, c’était un modèle pour l’Italie. Et la Fédération de la Gauche était un premier pas vers un tel projet. Il avait lâché le mot.

Cette fois, c’est au tour de Paolo Ferrero, secrétaire-général du parti, ancien homme de main de l’ancienne direction liquidatrice menée par Bertinotti, et qui a su habilement se présenter comme leader de l’opposition au dernier congrès, de vendre la mèche.

Dans une interview accordée au journal de centre-gauche, proche du PD, La Repubblica,le 29 août dernier, il révèle son véritable projet.

Ferrero était avant tout interrogé sur la proposition du leader du Parti Démocrate (PD), Pier-Luigi Bersani, de participer à une alliance électorale qui serait aussi alliance de gouvernement : l’Olivier.

La réponse de Ferrero n’est pas sans ambigüité : oui à l’alliance électorale, non au pacte gouvernemental. Ferrero donne ainsi l’impression d’un coup de barre à gauche par rapport à l’ancienne direction qui avait participé au deuxième gouvernement Prodi sans pour autant cesser d’être allié fidèle du centre-gauche démocrate.

Mais le plus surprenant reste la suite, quand il affirme qu’il a « un autre objectif ».

Lequel ? demande le journaliste impatient. Réponse de Ferrero : « Nous posons le problème d’unir la gauche anti-capitaliste hors de l’Olivier. Une formation comme die Linke en Allemagne ».

Dans quel but ? Un projet de recomposition politique, où une vie politique au service des intérêts du capital serait mieux équilibrée : « Ce serait une façon de rééquilibrer le débat politique. A ce moment-là, pourraient se former un pôle d’extrême-droite, un leghiste, un de droite modérée ou de centre, un centre catholique, un centre-gauche et une vraie gauche ».

Recomposition, calculs politiciens, visions électoralistes à courte vue... on n’est loin de cette « vraie gauche ».

Et dans une interview accordée à Liberazione le 5 septembre, Ferrero remet une couche sur le fait que nous « proposons la construction et l’unité de la gauche d’alternative ».

Et vers où se portera la construction de ce projet de gauche d’alternative : « Le terrain de construction de cette alternative est l’Europe, et sur cela nous travaillons avec la Gauche européenne ». Ferrero révèle ainsi en passant le rôle central que joue le Parti de la gauche européenne (PGE) dans ce projet de recomposition.

Lutter contre le projet liquidateur, pour une véritable reconstruction du PCI dont le peuple italien a besoin !

En somme, après avoir subi le traumatisme de la liquidation du PCI en 1991, après avoir subi quinze ans de « refondation » communiste Bertinottienne qui a sapé les bases de ce qu’aurait pu être une véritable reconstruction du PCI, aujourd’hui, après l’élimination de l’aile la plus droitière des liquidateurs, le mouvement communiste italien court droit vers une troisième tentative de liquidation des forces communistes organisées. L’histoire semble se répéter à l’infini et le mouvement de liquidation ne jamais s’arrêter.

Le projet de Fédération de la Gauche piloté par le PGE (Parti de la gauche européenne) apparaît aujourd’hui pour ce qu’il est réellement : un pas vers un die Linke à l’italienne qui en finirait définitivement avec le communisme italien, réduit à l’état de courant culturel au sein de cette formation de gauche.

En dévoilant ainsi ces intentions, la direction prouve sa volonté d’accélérer les choses.

Aux communistes italiens qui ne veulent pas la dissolution du mouvement communiste italien de réagir.

Et de poser les bases véritables de la reconstruction du PCI, sur des bases idéologiques et organisationnelles saines.

Sans laisser la direction du mouvement à des dirigeants réformistes.

Le peuple italien a plus que jamais besoin du PCI, et non d’une énième formation « de gauche » politicienne comme l’Italie en a connu tant dans son histoire.