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Le secrétaire du PC ukrainien victime d’une tentative d’assassinat en plein centre-ville de Kiev 

mai 2014, par Saint Martin d’Hères

La nouvelle de ce qui s’est passé ce 16 mai 2014 en dit long sur la situation actuelle en Ukraine : un dirigeant politique, leader du Parti communiste, contraint de retirer sa candidature sur un plateau télé face à un climat de terreur, coursé et agressé au cœur de la capitale.

Ce vendredi 16 mai 2014, le secrétaire-général du Parti communiste ukrainien, Petro Simonenko, avait prévu d’annoncer une nouvelle importante sur la première chaine de télévision ukrainienne : son retrait de la course à la présidentielle ukrainienne.

  Simonenko a eu l’occasion de dresser à nouveau un constat implacable : la lutte entre clans oligarchiques et grandes puissances prêts à la division du pays ; la remise en cause de la souveraineté nationale face à l’UE, au FMI ; la glissade vers une gestion fasciste du pays, avec l’hystérie anti-communiste comme révélateur et les derniers événements à Odessa ou Mariupol.

  Face au climat de violence, de terreur, de censure dont les communistes sont les premières victimes – Simonenko a rappelé l’exclusion des députés communistes du Parlement – il a justifié son retrait de la campagne présidentielle, celle-ci ne pouvant plus se dérouler dans des conditions permettant la libre expression de ses idées politiques.

  Après cette déclaration officielle, Petro Simonenko s’apprête à sortir du bâtiment de la télévision nationale pour regagner son véhicule lorsqu’il est averti par ses amis que toutes les issues sont bloqués par une trentaine de militants d’extrême-droite, des voyous encagoulés et armés, prêts à en découdre avec lui.

  Esquivant l’entrée principale, Simonenko monte alors dans une autre voiture. D’après ce qu’a raconté Simonenko par téléphone au journal ukrainienne « La Pravda » et à la télévision 112, le reste ressemble à un scénario d’un mauvais film d’action américain.

  S’entame alors une course-poursuite dans les rues de Kiev. Les bolides des poursuivants – comprenant notamment un mini-bus plein à craquer – sèment le chaos, tentant de créer des accidents sur la voie pour arrêter la voiture où se trouvait le dirigeant communiste.

  Finalement, ils arrivent à l’immobiliser sur la rue Melnikova, commençant à s’attaquer à la voiture avec des barres de fer, des battes de baseball, tout en jetant des cocktails Molotov dont un aurait pénétré dans l’automobile, miraculeusement sans faire de dégâts.

  La chasse à l’homme ne s’est pas arrêtée pour autant. Simonenko aurait trouvé finalement refuge – selon les informations de la Pravda – dans un bâtiment annexe du Parlement ukrainien, celui-ci étant alors rapidement encerclé par une trentaine d’émeutiers.

  C’est dans ces conditions de siège que Simonenko a pu livrer ce premier compte-rendu apocalyptique aux journalistes de la presse écrite et de l’audiovisuel ukrainiens.

  Il a déclaré ne pas pouvoir identifier à quelle organisation appartenaient formellement ses agresseurs – ne sachant pas s’ils appartenaient à « Svoboda », « Secteur droit » ou tout autre groupe fasciste – mais que celles-ci avaient scandé des slogans de haine, des menaces de mort à son égard.

  Il a toutefois insisté sur la gravité de ce qui vient de se passer, espérant que cette tentative d’assassinat constitue au moins une mise en garde sur les périls qui menace le pays, dénonçant le manque de réaction des forces de l’ordre.

  Il est tôt pour savoir l’impact de cette tentative d’assassinat sur la vie publique ukrainienne. Le politologue Andrei Zolotarev a déjà souligné le caractère inédit de cette campagne électorale, marquée par la violence :

  « Il s’agit ici de terreur politique. Cela peut-il avoir lieu dans un pays d’Europe ? La réponse est évidente. Le gouvernement qui affiche haut et fort son attachement aux valeurs européennes, démontre une pratique toute autre, typique de la plupart des pays du Tiers-monde.

  A un moment où les candidatures politiques sont traitées à coup de battes de baseball et de cocktails Molotov, parler de la légitimité de l’élection n’est pas nécessaire. On peut aimer ou non tel homme politique, mais cette agression en plein centre-ville se passe de commentaires ».

  Le dirigeant communiste a annoncé son intention de déposer plainte devant la police, et d’en informer le Ministère de l’Intérieur – au moment même où le gouvernement de Kiev est en train d’enquêter sur une possible interdiction du Parti communiste.

  Les masquent tombent à Kiev, et le visage du fascisme apparaît de plus en plus sous celui des ex-indignés de Maidan : en Ukraine, comme ailleurs, il ne passera pas ! Solidarité avec notre camarade Petro Simonenko !