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Le peuple Italien rejette à 95% la privatisation de l’eau et un gouvernement Berlusconi discrédité : le Parti Démocrate soutenu par le patronat s’apprête à prendre la relève de l’austérité

juin 2011, par Saint Martin d’Hères

Ce dimanche 12 juin, le gouvernement Berlusconi a sans doute perdu le peu de légitimité qui lui restait.

Le peuple italien a rejeté à plus de 95% le projet de loi gouvernemental portant principalement sur la privatisation de l’eau. Dans le cadre du même référendum, le retour au nucléaire ainsi que l’immunité pour le chef du gouvernement étaient soumises au vote, des mesures également massivement rejetées.

Article AC

La proposition d’un référendum abrogatif avait été lancée par « les mouvements pour l’eau publique » et avait obtenu en 2010 les 500 000 signatures requises pour obtenir le droit de soumettre le projet de privatisation de l’eau au vote des italiens

Le gouvernement espérait annuler les résultats du référendum à travers le non-respect du quorum fixé à 50%.

Le peuple italien a répondu par une participation sans commune mesure avec les derniers scrutins de ce type. 57% des Italiens se sont déplacés pour exprimer massivement leur opposition à la politique de privatisation, de libéralisation ainsi qu’aux pratiques anti-démocratiques du gouvernement Berlusconi.

Il s’agit d’une victoire incontestable pour le peuple italien.

Après la déroute des municipales de mai 2011, les jours du gouvernement Berlusconi semblent compter, sans plus la moindre légitimité populaire et avec un roi nu désormaisdevant la justice italienne.

Le Parti démocrate prépare l’alternance avec le centre démocrate-chrétien et les ex-communistes

Le secrétaire-général du Parti démocratePier-Luigi Bersani, conscient de la faiblesse du gouvernement, a saisi la balle au bond. Il s’est empressé de noter « le divorce entre le gouvernement et le pays » et de demander « la démission du gouvernement », qui avait déjà failli tomber sur un vote de confiance au Parlement au début de l’année.

Car le Parti démocrate prépare l’alternance. A sa droite, il flirte de plus en plus ouvertement avec les démocrates-chrétiens de l’UDC tandis qu’un inimaginable accord – de moins en moins grotesque– avec le dirigeant néo-fasciste Gianfranco Fini, pour faire éclater le bloc berlusconien, avait même été évoqué par la nouvelle égérie de la gauche italienne, Nichi Vendola.

L’ancien secrétaire-général de Refondation communiste, adorateur de Zapatero, Jean Paul II et laudateur de l’Etat d’Israël, aujourd’hui patron incontesté du parti Gauche, écologie et libertéssous perfusion médiatique, est le pion du PD sur sa gauche. Il est même envisagé comme futur candidat investi par le PD pour les prochaines élections législatives.

C’est autour de lui que le Parti démocrate compte rabattre sur des positions « réformistes radicales » ce qu’il reste des lambeaux de l’ancien Parti communiste.

Les communistes italiens empêtrés dans leurs calculs politiciens se dirigent-ils vers le soutien à un gouvernement Prodi bis comme en 2006 ?

Car, empêtrés dans leurs calculs politiciens dans une « Fédération de la Gauche » pourtant en basses eaux électorales, les dirigeants communistes de PdCI et surtout de Refondation n’offrent comme perspective que l’union de la gauche en vue de la formation d’une majorité gouvernementale, précise-t-on « sans le centre ».

Et à la gauche de la gauche, la constitution d’un « Pôle de gauche » avec le parti du liquidateur Vendola et le parti Italie des Valeurs du juge anti-communiste di Pietro ouverte par le secrétaire-général de Refondation communiste Paolo Ferrero offre un mécanisme semblable à celui des poupées russes.

Chaque parti communiste imbriqué dans des formations « unitaires » plus larges, toutes aussi insipides les unes que les autres, et de plus en plus réformistes politiquement lors qu’on approche de son cœur.

Or, la perspective d’une énième « union de la gauche » et d’un nouveau gouvernement arc-en-ciel, en particulier après l’expérience traumatisante du gouvernement Prodi entre 2006 et 2008 est celle d’une alternance sans alternative, tant le PD partage le fond de la politique menée par le gouvernement Berlusconi.

Le Parti démocrate adoubé par un patronat italien exaspéré des frasques de Berlusconi

Le Parti démocrate plaît même plus aux milieux d’affaires italiens que Berlusconi lui-même. Berlusconi agace le patronat italien, ses gesticulations et ses frasques, son irrespect pour l’État de droit et sa pratique généralisée de la fraude et de la corruption, sans compter son scepticisme tout tactique et lunatique vis-à-vis de l’Union européenne, instaure un climat négatif pour les affaires.

Le 26 mai dernier, la présidente de la Confindustria, Emma Marcecaglia, dans le cadre d’une grande assemblée de l’association patronale a pesté contre l’attitude du gouvernement Berlusconi et un « agenda national qui ne fait rien pour mettre la croissance comme priorité »et contribue à la montée du populisme.

La représentante du patronat en a appelé à la mise en place d’« institutions fortes et faisant autorité, des institutions qui sachent retrouver la confiance des citoyens et des entreprises, qui aujourd’hui est gravement érodée. »

Lors de cette assemblée de la Confindustria, c’est le secrétaire-général du PD Bersani lui-même qui a tenu à rassurer la dirigeante patronale, refusant que l’on mette tous les hommes politiques dans le même panier.

Car il y a « politique et politique, comme il y a patrons et patrons »dit-il alors. Bersani a ensuite questionné les choix du gouvernement de « coupes linéaires du gouvernement »ne s’accompagnant d’ « aucunes réformes structurelles »et donc d’aucune croissance.

Des actes plutôt que des beaux discours, des réformes plutôt que des gesticulations. Tout ce que le patronat italien voulait attendre.

Le Parti démocrate propose une autre politique de rigueur, avec réformes de structure et coordination à l’échelle européenne

Car le PD ne propose rien d’autre qu’une politique de rigueur différente, avec des contre-réformes de fond. Tel est le projet économique du PD confessé sans mal par le responsable à l’économie du PD, Stefano Fassina, dans une interview à la Stampa le 18 octobre 2010.

Le journaliste lui demandait alors : « Si le PD avait été au gouvernement, qu’aurait-il fait ? ». L’économiste du PD répond sans langue de bois : « Une politique différente, de rigueur, mais accompagnée de la croissance. Puis nous aurions essayé, dès le début de la crise, de chercher le consensus en Europe ».

Voilà ce que recherche désormais le patronat italien et international : de la stabilité et la consolidation d’un État de droit, un gouvernement prêt à entamer des réformes de fond sans populisme ni clientélisme, auprès d’un Parti longtemps dirigé par l’ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, dont le gouvernement a plus privatisé que celui de Berlusconi même.

Le vénérable journal britannique des milieux d’affaires The Economist faisait récemment sa une sur « l’homme qui a foutu en l’air tout un pays ». La plupart des fractions du grand capital italien et international vouent désormais aux gémonies l’imprévisible Berlusconi et attendent l’alternance de la part des trop prévisibles bons gestionnaires européistes du PD.

Pour les communistes italiens, il s’agit d’être vigilants et de sortir de la perspective d’ « union de la gauche » et de « gouvernement majoritaire à gauche » mortifère pourtant offerte actuellement par le secrétaire-général de Refondation communiste.

Article d’A.C.