La commune de Saint-Martin-d’Hères s’oppose au plan « Hercule » d’éclatement, de privatisation d’EDF. Elle réaffirme la nécessité du maintien des tarifs réglementés et du retour au monopole public d’EDF.
Les hausses des tarifs d’électricité (7,2% en 2019, 3,9 % en 2020 et 1,61% au 1er février 2021) sont durement ressenties par les usagers. Pire, entre 2006 et 2020, les tarifs d’électricité ont augmenté de 60%.
Malgré cet impact désastreux pour toutes et tous, les médias ont à peine noté ces augmentations, alors que la hausse des prix des carburants a été largement commentée.
Ce projet Hercule, que le gouvernement et l’Union Européenne combine dans le cadre de l’ouverture à la concurrence (directive européenne de 1996), refusé par les français en 2005, vise à éclater EDF. Il consiste à diviser les activités d’EDF en trois entreprises : « EDF bleu », « EDF azur », « EDF vert ».
« EDF bleu » resterait 100% public. Le public, donc nous, les contribuables continuerions à prendre en charge tout ce qui est coûteux : l’investissement, notamment l’entretien du parc nucléaire et les coûts de transport d’électricité.
« EDF azur » serait une filiale d’« EDF bleu » et aurait en charge l’entretien des barrages hydroélectriques dont les concessions seraient mises en concurrence.
« EDF vert » comprendrait la commercialisation, la distribution et le « renouvelable », livré au privé. En un mot, comme pour les autoroutes, nous faisons les investissements par le biais de nos impôts, la TVA et nous payons ensuite le prix fort pour leur usage...
« EDF vert » sera rapidement privatisé (dès le départ à 35%) et rebaptisé. Il deviendra, comme ses concurrents, un marchand privé revendant au prix maximum, suivant les marchés spéculatifs, l’électricité nucléaire bon marché d’« EDF bleu ».
Par ailleurs, « EDF vert », comme les autres opérateurs privés, pourra toucher les subventions colossales, prélevées sur nos factures (taxe CSPE : contribution au service public d’électricité), pour financer des « énergies renouvelables ».
Aussi, avec l’Union Européenne, le gouvernement organise la privatisation des barrages hydrauliques d’EDF, aujourd’hui, totalement amortis, et s’apprête à livrer notre sécurité aux entreprises privées animées uniquement par leurs appétits de profits.
Aux usagers, encore, de payer la dépense pharaonique (5,7 milliards d’euros) des compteurs « Linky », principalement destinés à organiser la concurrence et à faire s’envoler nos factures.
Leur devise est donc : Socialisation des investissements, privatisation des profits !
Nous nous y opposons fermement.
Entreprise publique unifiée, EDF actuel ainsi que les tarifs réglementés nationaux sont un obstacle au profit maximal sur ce bien essentiel, pour tous, qu’est l’électricité. La marge de profits est énorme. En Allemagne, par exemple, où les prix continuent d’augmenter, le kilowatt heure est vendu 77% plus cher qu’en France.
Les conséquences, ce sont les habitants qui les payent et en particulier les familles les plus fragiles. Des millions de français ont froid. 672 400 coupures d’électricité pour impayés ont été effectuées en 2019 (100 000 de plus qu’en 2018).
San parler de l’envolée des prix du gaz depuis 15 ans suivant la même politique. A Saint-Martin-d’Hères, le CCAS se mobilise pour soutenir les familles martinéroises les plus en difficultés, face à la précarité énergétique. Depuis 2018, 46 aides d’urgence ont ainsi été octroyées.
Enfin, la bataille pour le service public EDF se déroule dans les mêmes termes que la bataille pour le service public SNCF, attaqués par les mêmes politiques européennes de marchandisation.
Pourtant, quand surgissent de graves évènements - comme la tempête 99 ou plus récemment les inondations dans la vallée de la Roya, ces services publics sont là pour répondre aux besoins immédiats des habitants sinistrés.
Les agents d’EDF sont en lutte contre la casse de ce grand service public. Nous les soutenons totalement.
Ainsi, les convergences précises de luttes existent, sur la base des grands acquis populaires qu’ont été les nationalisations de 1936 et 1945. Rappelons-nous que nous devons à Marcel Paul, électricien, résistant, déporté à Buchenwald, et ministre communiste, la création d’EDF, son statut d’établissement public et son développement au service du pays, à l’instar de GDF.
En conséquence, par ce vœu, la ville de Saint-Martin-d’Hères demande au gouvernement :
l’annulation des augmentations des tarifs d’électricité depuis 2006
l’abandon immédiat du projet « Hercule » de démantèlement d’EDF
le maintien des tarifs nationaux réglementés permettant l’égalité de traitement entre les usagers
la renationalisation à 100 % d’EDF et ses filiales, le retour au statut d’établissement public
le rejet de l’application des directives européennes de mise en concurrence de l’électricité et le rétablissement du monopole public de transport et de distribution d’électricité.