Pour les socialistes et les communistes, le combat pour la justice sociale et la transformation de la société sont des considérations primordiales. La séparation de l’Ecosse de la Grande-Bretagne aiderait-elle la classe ouvrière à atteindre une société radicalement plus juste ? Cela amènerait-il le peuple d’Ecosse – sans parler de ceux d’Angleterre et du Pays de Galles – plus avant sur la voie d’une société socialiste ? Cela aiderait-il à créer les conditions d’une révolution socialiste ?
Le « Morning Star » n’est pas convaincu qu’une sécession écossaise ou galloise, dans les conditions actuelles, réponde positivement à ces questions. De surcroît, il y a de bonnes raisons de soutenir que la séparation diviserait la lutte des classes politique – et un mouvement ouvrier largement uni depuis 120 ans – en deux, sinon en trois. Elle créerait peut-être des problèmes aux capitalistes monopolistes dont les intérêts dominent l’Etat britannique, mais ceux-ci sauront rester unis pour assurer leur propriété et leur contrôle sur l’économie de l’ensemble des trois nations.
De façon plus grave pour la classe ouvrière, le séparatisme affaiblit la conscience de classe et les positions politiques de classe, comme l’a montré la conférence de printemps du SNP (Parti national écossais), à Aberdeen, le week-end dernier.
Tout le contenu politique de la plateforme discutée a été de l’ordre de l’affirmation identitaire et de la plainte. Tout problème d’importance auquel le peuple écossais est confronté, serait, tel que cela a été présenté, de la faute du gouvernement de Westminster et de l’Union. Le capitalisme, avec sa société divisée en classes, n’a pas été mentionné. Il n’y a rien à reprocher au grand capital.
Le SNP ne revendique pas le socialisme, pas même quelques pas dans sa direction, même pas une indépendance réelle.
De quelle sorte « d’indépendance » peuvent avoir envie ceux qui veulent rester membres de l’Union européenne ?
Ce sont les règlements de cette même UE qui ont forcé le gouvernement écossais à mettre les projets d’infrastructure du « Scottish Futures Trust » (SFT – établissement organisant les investissements publics écossais) dans les mains du secteur privé ; les surcoûts résultant des retards, les charges supplémentaires devront, eux, être assumés par le gouvernement écossais, le Système national de santé ou les collectivités locales, pendant les 30 années à venir.
Cinq projets majeurs pèseront sur les budgets publics pour un montant d’un milliard de livres prélevées sur d’autres dépenses.
Malgré toutes les dénégations du SNP, les PFI [investissement suivant une « private finance initiative » équivalent des « partenariats public/privé » en France] ont de lourdes répercussions en Ecosse, où la collectivité finira par payer plus de 9 milliards de livres des projets du SFT sont la valeur réelle en capital est trois fois moindre. Une enquête officielle a été lancée en Ecosse.
Mais le SNP a tellement peur que l’Ecosse sorte de son plus grand marché intégré, et de loin, à savoir la Grande-Bretagne et a tellement envie qu’elle reste dans l’UE, même si c’est un marché marginal, qu’il se garde bien d’émettre le moindre début de protestation contre ces diktats de l’UE. « L’indépendance » voulue par le SNP dans le cadre de l’UE ne signifie aucunement souveraineté sur les finances publiques, les mouvements de capitaux, le commerce international, l’importation d’une main-d’œuvre surexploitée, la TVA ou les obligations pesant sur les contrats publics. C’est une Ecosse soumise à la Commission européenne et à la Banque centrale européenne, dans une UE liée à l’OTAN.
Combien cela est différent de la perspective d’un fédéralisme progressiste dans une Grande-Bretagne où la richesse et le pouvoir seraient redistribués à la classe ouvrière de chaque nation et de chaque région !