Discours prononcé par Diana Kdouh pour les vœux de la section du PCF de SMH le 15 janvier 2023 salle Fernand Texier à Saint-Martin-d’Hères.
Voilà bientôt trois ans que nous sommes rentrés dans une crise structurelle prévisible car inhérente au système capitaliste. La guerre en Ukraine, entre autres, en est une des conséquences dramatiques.
Macron sert la politique de la finance, des grands trusts capitalistes, de l’UE du capital, de l’OTAN et des USA. A côté de lui, naviguent de faux opposants. Il y a les repoussoirs comme la famille de millionnaires Le Pen.
Il y a les anciens des gouvernements privatiseurs de « gauche ».
Il y a aussi les écologistes, qui passent de gauche à droite, au fil de leurs intérêts politiciens, qui soutiennent les bases nucléaires étasuniennes en Europe et ne jurent que par l’Union Européenne capitaliste et les subventions des milliardaires.
Nous ne les mettons pas dans le même panier. Mais rien n’est pire que de canaliser la protestation pour entretenir la soumission.
C’est le contraire de notre engagement militant.
Depuis 2017, Macron a fait voler en éclat le code du travail, déjà largement mis à mal sous Hollande. Il a continué la politique de casse du système hospitalier ; des services publics ; il s’est attaqué au système d’assurance chômage ; à la réforme de l’apprentissage ; il a organisé la sélection à l’Université ; il a restreint les libertés avec sa politique d’état d’urgence permanent et donne 375 milliards d’euros à l’armée pour attiser la guerre ! Nous nous réunissons après les annonces du gouvernement sur la réforme des retraites, qui sont une provocation de plus contre les travailleurs, dans la situation économique et sociale déjà très tendue que nous vivons.
Situation marquée par une inflation, une hausse des prix, sur fond de pénurie*, organisée par le système, pour nous faire payer leur crise, pendant que nos salaires stagnent, voire diminuent, et ne suffisent plus à vivre dignement. En exemple de pénurie, nous avons assisté en France à une pénurie de moutarde mais pas en Italie, en Espagne ou encore au Portugal. Chercher l’erreur…
L’inflation est telle que, par exemple, même avec 3,5% d’augmentation de salaire, nous perdons du pouvoir d’achat : le prix du carburant a doublé, l’alimentation est donnée à 12% mais nous constatons que c’est bien plus, l’électricité augmentent de 15%, le gaz de presque 50%...
Alors face à cette inflation galopante organisée, nous devons nous battre contre la récession et condamner une politique de casse nationale, européenne et mondiale.
Au sujet de l’énergie,
L’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie, la privatisation et le démantèlement d’EDF et de GDF (Engie), ainsi que la mise en place des compteurs LINKY pour l’électricité, et GASPAR pour le gaz, concourent à des conséquences graves pour les usagers, que nous constatons déjà : fin des tarifs nationaux régulés, hausse des prix, coupures d’électricité, rationnement etc… Nous devons également nous battre pour : • L’abandon du démantèlement d’EDF. • L’annulation des augmentations des tarifs. L’électricité et le gaz ne sont pas un luxe ! • Le maintien des tarifs nationaux régulés de l’électricité. • La renationalisation à 100% d’EDF et de ses filiales et d’Engie (ex-GDF), • Leur retour au statut d’établissement public dans le cadre d’un monopole public de l’énergie. • Le rejet de l’application des directives européennes de mise en concurrence de l’électricité afin de rétablir le monopole public de l’électricité. Ce sont les seules conditions pour un service public de qualité !
D’ailleurs, la section a lancé une pétition qui est en cours de diffusion pour mobiliser les usagers.
Un petit mot sur la dictature écologique que nous subissons.
L’idéologie dominante, à travers ses médias et ses postures opportunistes, nous explique, à longueur de temps, en agitant les peurs apocalyptiques, comment nous devons nous priver de tout et qui veulent « sauver la planète » avec plus d’UE, d’OTAN et d’armes de destruction massive au profit du grand capital !
Par exemple, depuis la loi Climat et résilience de 2021, le gouvernement impose aux métropoles et donc aux communes la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE) soi-disant pour améliorer la qualité de l’air… Oui mais… Dans cette période de flambée des prix due aux spéculations et de hausse des tarifs de l’électricité, on somme, les habitants, les travailleurs, à changer de véhicules pour aller, entre autres, vers des véhicules électriques. Beaucoup d’entre nous n’en ont pas les moyens.
Il faut savoir que la construction de batteries électriques demande des matières premières comme le lithium et le cobalt que les puissances occidentales vont piller en Amérique du Sud et en Afrique pour se donner bonne conscience de respirer un air pur.
Mais on oublie le véritable problème : c’est l’anarchie de la production capitaliste qui détruit l’environnement et sûrement pas le travailleur qui se rend à son travail avec un véhicule thermique !
Pour nous, l’écologie, c’est la réponse adaptée aux besoins des humains en évitant les pollutions, en prévenant les risques naturels, en utilisant, de façon raisonnée, les ressources et matières premières, en préservant et aménageant les espaces naturels.
C’est tout le contraire des postures opportunistes du capitalisme vert !
Je prends aussi l’exemple des transports de la métropole Grenobloise. Depuis plus de 15 ans), les communistes de la section de SMH, d’abord avec René Proby, et ensuite notre section seule contre tous dans le département, avons défendu que la réponse adaptée aux besoins passe par le développement de nos transports en communs, en régie publique directe. Tous vendaient la SPL(société publique locale) comme la panacée. Et en ce moment, avec la SPL mise en place dans la métropole, la ligne 14 qui est sur Gabriel Péri, ne circule pas, faute de conducteurs. La société qui a obtenu le marché n’a pas les moyens de rendre ce service public. Nous constatons, donc, que la Société Publique Locale ne répond pas plus aux besoins de la population que la Société d’Economie Mixte avec des délégations de services publics aux privés les moins-disant.
A cette occasion, je salue les camarades en luttes de Keolis (filiale de la SNCF) et Grindler, et si j’ai bien suivi, ils ont fait reculer la direction et ont arraché des augmentations de salaires et de meilleures conditions de travail avec une mobilisation d’ampleur. Je crois qu’on peut les applaudir.
Un autre sujet doit nous préoccuper, celui de la guerre.
Et malheureusement, cette année 2023 s’annonce pire que les précédentes sous l’alibi de guerre impérialiste entretenue en Ukraine pour le plus grand profit des marchands de canons et des profiteurs de guerre. Nous allons subir, comme beaucoup de peuples du monde, des restrictions insupportables sur notre capacité à assouvir nos besoins élémentaires.
Je vais, ici, citer un extrait de Lenine, de 1915 « Sur le mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe » qui éclaire la situation actuelle :
« Le capitalisme c’est la propriété privée des moyens de production et l’anarchie dans la production… Pour vérifier la force réelle de l’Etat capitaliste, il n’y a et il ne peut y avoir que la guerre. La guerre n’est pas en contradiction avec les principes de la propriété privée ; elle en est le développement directe et inévitable. En régime capitaliste, le développement égal des différentes économies et des différents états est impossible. Les seuls moyens possibles de rétablir de temps en temps l’équilibre compromis, ce sont, en régime capitaliste, les crises dans l’industrie, les guerres en politique. »
Aux portes de l’Europe, il y a la guerre, la menace nucléaire. Ailleurs, les rois du pétrole saoudiens massacrent le peuple yéménite, la Turquie envahit la Syrie et tue Kurdes et Arabes. Les USA sèment la guerre partout dans le monde pour gérer la crise capitaliste. L’Europe est aux ordres, pillent nos comptes en banque pour envoyer des armements lourds et pour prolonger la guerre et la logique de guerre éternellement contre les peuples, contre notre peuple aussi.
Nous devons dénoncer toutes les stratégies des guerres militaires ou économiques. Russie, USA, UE, OTAN : même combat ! Ils se battent pour le partage du monde au détriment des peuples !
Nous devons également refuser l’embrigadement dans les logiques de guerre des USA, de l’OTAN et de l’UE. Nous ne pouvons pas dénoncer l’agression russe sans dénoncer les actes de l’OTAN. Surarmer, c’est attiser la guerre. Les sanctions ne servent pas la paix mais s’abattent sur les peuples, y compris le nôtre. S’il fallait sanctionner des pays pour leur crime, on devrait commencer par les Etats-Unis, Israël ou l’Arabie Saoudite !
Nous devons aussi continuer la campagne pour que la France se dégage de la logique de guerre US-OTAN-UE et adopte une position de neutralité active pour la paix en Ukraine. Il en va de nos vies et de celles de nos enfants.
Je parlais tout à l’heure de mobilisation d’ampleur. luttons pour nos retraites à 60 ans avec 37,5 annuités c’est bien suffisant !
Évidemment, nous nous inscrivons pleinement dans la journée de mobilisation et de grève du 19 janvier pour le retrait de la réforme des retraites, qui est, je le disais en introduction, une provocation de plus contre les travailleurs. Mais surtout pour une retraite à 60 ans avec 37,5 annuités, c’est bien suffisant ! Car d’une retraite à 60 ans avec 37,5 annuités avant les lois Balladur et Fillon, avec des régimes spéciaux arrachés par les luttes dans certaines branches et des départs possibles à 55, voire 50 ans, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de s’attaquer à notre système de retraites par répartition instauré en 1945.
Les suppressions progressives de cotisations patronales lui ont enlevé plus de 90 milliards par an, alors que les dividendes versés aux actionnaires du CAC40 s’envolent pour atteindre 80 milliards d’euros !
Selon les propres chiffres du gouvernement, le régime général est excédentaire de 900 millions d’€ en 2021 et le serait de plus de 3 milliards en 2022.
La cause est simple, nous sommes déjà de moins en moins nombreux à pouvoir répondre aux critères et à boucler une carrière complète. Le nombre de privés d’emploi dépasse les 3 millions de personnes, déjà aujourd’hui, seulement la moitié des 55-64 ans ont un emploi.
Il s’agit autant de nous faire travailler plus longtemps que de réduire le montant et la durée de nos pensions.
Et, au-delà de la casse du système lui-même, cette attaque idéologique sur la pérennité des retraites fait le lit des milliards de profits pour les grands groupes d’assurance qui vendent des retraites complémentaires faussement plus sûres que notre système par répartition.
Comme le gouvernement nous sort encore la vieille rengaine du déficit du régime de retraites, je vais montrer que de l’argent il y en a dans les poches du patronat :
Car les transferts d’argent public ne sont pas apparus pendant le COVID, ils s’accélèrent déjà avant.
En 2008-2009, en France, les « aides aux entreprises » représentaient 65 milliards par an.
En 2013, elles atteignent 110 milliards, sous prétexte de la crise de 2008. Hollande les fera exploser avec le CICE et le pacte de responsabilité qui transfèrent 40 nouveaux milliards par an aux entreprises.
C’est donc aujourd’hui environ 160 milliards qui sont transférés chaque année des caisses de l’État vers les entreprises privées. Pour donner un ordre d’idée, c’est le double du budget de l’hôpital public.
Selon les chiffres du gouvernement, la réforme des retraites rapporterait 33 milliards sur 10 ans (moins de 3 milliards par an) alors que 160 milliards sont offerts chaque année dans la plus grande opacité aux sociétés privées...
Dans le même temps, la part de financement de la sécurité sociale par les entreprises passe de 51% en 1990 à 36% en 2019. Non seulement les entreprises privées touchent de plus en plus d’argent public mais elles paient de moins en moins de cotisations sociales (notre salaire socialisé).
Je vais donner quelques chiffres sur les cadeaux et réduction des cotisations patronales :
* Pour l’année 2022, les exonérations de cotisations sociales étaient estimées à 75 milliards d’euros. *La transformation du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en exonérations de cotisations coûte environ 20 milliards d’euros par an. *La suppression progressive de la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) sur deux ans c’est 4,1 milliards d’euros dès 2023. *L’allègement des impôts de production c’est 10 milliards d’€ par an. *Sans compter les 300 milliards d’euros versés aux multinationales avec le plan de relance.
Alors, nous devons le dire et le redire, pour financer nos retraites, notre sécurité sociale dans son intégralité et nos services publics, en faisant écho à la journée de mobilisation et de grève du 19 janvier, que « de l’argent il y en a dans les caisses du patronat ».
Pour terminer, nous allons nous souhaiter la force, la conviction et l’énergie d’éclairer la lutte de classe sur de vraies positions de rupture et non sur des leurres sociétaux ou des impasses politiciennes au service du capitalisme.
En gardant notre engagement politique fidèle aux principes du marxisme-léninisme, à la IIIème Internationale et ses 21 conditions qui ont fait naître notre Parti en 1920 !
Vive le Parti Communiste Français ! Vive le communisme !