Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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Le pacte de responsabilité frappe aussi l’Education nationale et la qualité de l’enseignement public.

novembre 2014, par Saint Martin d’Hères

Le gouvernement PS poursuit la politique de casse des services publics commencée par les gouvernements précédents. Les « économies » sur les dépenses publiques pour financer le pacte de responsabilité, le CICE (Crédit Impôt compétitivité emplois) et autres cadeaux au patronat, se décline à la rentrée scolaire 2014 pour se qui concerne l’Education nationale par la suppression de 2 000 postes d’enseignants titulaires, et l’embauche 10 000 stagiaires ! Non à la stagiarisation de la profession ! Non à l’école public au rabais ! Il faut des professeurs formés, sous statut et bien payé pour nos enfants.

On est très loin de la création de 60 000 postes pérennes d’enseignants. Pire, une analyse minutieuse nous révèle que l’on supprime des postes d’enseignants titulaires, pour les remplacer par des stagiaires à bon marché.

Où est la vérité ? Une récente polémique a opposé le journal Le Monde au gouvernement. Le gouvernement prétend avoir créé 22 000 postes depuis 2012, donc être sur la voie d’atteindre l’engagement de 60 000 postes d’enseignants d’ici 2017.

Droite et PS, une répartition des rôles pour liquider les professeurs sous statut

Il n’est pas difficile de noter la supercherie. La droite a supprimé 80 000 postes sous Sarkozy, ne compensant pas les départs à la retraite. Le PS n’a créé que les postes permettant de compenser ces départs, dans des conditions d’encadrement qui atteignent leurs limites structurelles.

La droite a supprimé en 2008 l’année de formation pour faire des économies et employer des « stagiaires » à la place des titulaires. Le PS a démultiplié les postes de stagiaires, réduit leur rémunération (de 400 € !), tout en supprimant des postes de titulaires.

La ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem s’auto-congratule : « nous avons créé 9 421 postes supplémentaires dans l’enseignement scolaire, à la rentrée 2014 ».

Rentrée 2014 : 2 000 postes de titulaires en moins, 10 000 stagiaires en plus !

Ces 9 421 postes n’en sont pas. Seuls 2 261 d’entre eux sont des postes de titulaires (811 en école, 1 450 en collège et lycée), le reste ce sont des stagiaires qui passeront quelques heures par semaine en classe. A peine de quoi maintenir le taux d’encadrement face à la poussée démographique.

Si on regarde la réalité des chiffres, c’est pire que cela, des postes de titulaires sont supprimés. Selon le site gouvernemental performance-publique.gouv.fr (avril 2014), repris par l’Express : si 3 184 postes de titulaires ont été créés en 2012 et 2013, ce seraient 1 943 postes de titulaires qui auraient été supprimés en 2014.

Par contre, 2014 voit l’explosion du nombre de postes de stagiaires – sous toutes leurs formes – ils étaient 7 823 en 2012 et 2013. Ils seraient 10 247 à la rentrée.

Au-delà de ses fanfaronnades, Najat Vallaud-Belkacem semble reconnaître ces faits. Dans sa conférence de presse du 5 novembre 2014, elle déclare : « Parmi ces 22 000 postes créés depuis 2012, 1 536 postes sont des postes de titulaires, 18 070 des postes de stagiaires ».

1 536 ? Faisons le calcul, 3 184 – 1 943 = on est pas loin du compte.

« Les postes créés sont des postes de stagiaires, majoritairement, car l’engagement et la priorité du gouvernement étaient de reconstituer d’abord une formation initiale des enseignants » … et surtout par un tour de passe-à-passe d’utiliser une main d’oeuvre à prix cassé dans les écoles, les collèges.

Des stagiaires à bon marché pour faire face au boom démographique

Depuis deux ans, le gouvernement a utilisé la refonte des concours, de la formation, pour multiplier les statuts différents de stagiaires, d’étudiants-apprentis professeurs précaires :

- les stagiaires post-concours se voient ramener échelon 1, à Bac + 4, donc commencent avec 400 € de moins par mois ;  
- les « concours exceptionnels » ont permis qu’entre les écrits et les oraux en 2013, on embauche les lauréats des écrits en contractuels à 400, 500, 600 € par mois ;  
- pour ceux qui échouent aux oraux, les postes de contractuels, vacataires se sont ouverts à eux, avec un salaire au rabais, un statut précaire assumé ;  
- sans oublier les « Emplois d’avenir professeur », plusieurs milliers de postes ouverts aux étudiants du Master enseignement, supposant la réalisation de tâches pédagogiques, de missions d’enseignement pour une rémunération autour de 800 € par mois ;

Non, le gouvernement ne donne pas plus de moyens à la profession, il ne la revalorise pas. Oui, c’est un travail de destruction de l’Education nationale qui passe par la stagiarisation de la profession, par la mise en concurrence des statuts les uns contre les autres.

La destruction du statut de fonctionnaire-enseignant pour 2015 ?

C’est passé presque inaperçu. Mais le gouvernrement a fait voter avant les vacances l’abrogation des décrets de 1950 qui régissent le statut du professeur en tant que fonctionnaire. C’est un tournant dans la destruction du statut protecteur, des conditions de travail et salariales.

Concrètement, cela va institutionnaliser l’annulisation du temps de travail. Cela permettrait d’imposer la semaine de 35 h dans les écoles, collèges et lycées, les réunions de travail et la présence dans les établissements scolaires pendant les vacances. Cela sera acté à la rentrée 2015.

Les postes créés, quasiment tous stagiaires, sont une nécessité vitale alors que la France est le pays qui a le plus faible taux d’encadrement dans l’éducation secondaire, avec plus de 30 élèves par classe en lycée. A Paris, les classes de 34-35-36 atteignent des limites indépasssables.

Une nécessité vitale alors que la France voit les effets du boom démographique des années 2000. A la rentrée 2014, 63 000 nouveaux jeunes ont fait leur entrée à l’école ou dans le secondaire. Ils seront 53 000 de plus en 2015.

Dénonçons l’hypocrisie de ce gouvernement qui prétend sauver l’Education nationale alors qu’ils en sont les fossoyeurs, qui prétend créer des postes de l’Education nationale là où il en supprime, qui dit respecter notre métier là où elle casse nos conditions d’exercice !

Sources :

Ministère de l’Education nationale, avril 2014 : http://www.education.gouv.fr/cid786...

Ministère de l’Education nationale, avril 2014 : http://www.education.gouv.fr/cid531...   Ministère de l’Education nationale, novembre 2014 : http://www.education.gouv.fr/cid835...   L’Express, 10 avril 2014 : http://www.lexpress.fr/education/in...   Le Monde, 5 novembre 2014 : http://www.lemonde.fr/education/art...

Voir en ligne : POur le maintien en REP du collège Fernand Léger de SMH