Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
Accueil du site > Analyses politiques > John Monks, secrétaire général de la CES, à la tête de l’euromanifestation de (...)

John Monks, secrétaire général de la CES, à la tête de l’euromanifestation de Bruxelles, vante la bonne gestion d’Obama et la politique de l’emploi de Merkel

septembre 2010, par Saint Martin d’Hères

La Confédération européenne des syndicats, la CES, organisait le 29 septembre 2010 une « euro-manifestation » à Bruxelles avec des répliques dans plusieurs autres villes d’Europe. Les principales organisations syndicales françaises y participaient ainsi que des délégations du PS et du PCF.

Mais derrière quelles positions manifestait-on ? Et dans quel but politique ? Il importe de ne pas cultiver d’ambiguïtés.

L’image donnée d’une convergence des luttes contre les politiques parallèles d’austérité qui sévissent dans chaque pays est un beau symbole. Mais la perspective donnée par la CES et ses appareils syndicaux n’aide en rien les mouvements populaires nationaux, au contraire.

Sans remonter plus avant dans ses origines réformistes et anticommunistes, on ne peut pas parler de la CES sans rappeler son rôle de porte-drapeau du Traité de Lisbonne, les pressions directes qu’elle a encore exercées l’an dernier sur les syndicats irlandais en 2009 pour qu’ils cessent de s’y opposer avant le deuxième référendum.

Cette orientation de la CES est fondamentale.

Elle n’est pas cachée. L’accélération de l’intégration européenne dans l’UE des Traités de Lisbonne et Maastricht, présentée comme la « construction » d’une « Europe sociale », est la ligne directrice revendiquée de la CES, partenaire officiel des institutions européennes.

L’ euro-manifestation de Bruxelles s’inscrit entièrement dans cet objectif.

Il suffit de lire John Monks, le secrétaire général de la CES. Il était interviewé le 29 septembre simultanément dans les quotidiens les Echos et l’Humanité. On s’amusera de constater que M. Monks livre dans l’Huma une version beaucoup édulcorée de ses thèses.

Aux Echos, celui qui est présenté comme un « économiste » qui a fait carrière dans le syndicalisme déclare notamment : « la bonne gestion de la crise est celle d’Obama » ou encore « J’apprécie beaucoup aussi les dispositifs pour préserver les emplois adoptés ces dernières années en Allemagne, y compris par les derniers gouvernements Merkel ».

Dans l’Huma, il ne délivre pas de médaille qu’à l’Allemagne : « Selon nous, pendant les deux premières années de la crise, les gouvernements ont plutôt bien agi ».

Tout est dit !

Quand les salariés français ont lutté contre la politique de Sarkozy-Fillon entre 2007 et 2009, quand les salariés allemands combattent la politique de Merkel, ils ne sont pas dans la ligne politique de la CES et des organisateurs de l’Euro-manif.

Sur la base de ces analyses, la CES, avec des moyens immenses que lui donne notamment l’UE, poursuit son travail inlassable de réhabilitation de l’UE du capital et de ses institutions.

L’UE a perdu la plus grande part de sa légitimité aux yeux les peuples.

Le NON de 2005 en France en a été un signe. Les gouvernements ont de plus en plus de mal à se réfugier derrière les traités, directives et autres règlements européens pour justifier leur politique de casse économique et sociale.

La CES s’efforce de ramener la contestation sociale dans le cadre européen. La pédagogie reprise le 29 à Bruxelles, n’hésitant pas à dévoyer l’internationalisme, consiste ainsi à indiquer l’UE et le niveau européen comme le lieu de la solution à la crise, toujours au nom de « l’Europe sociale ».

Mais les propositions européennes de Monks sont dignes de Trichet, Strauss-Kahn voire de Sarkozy : une condamnation bon teint des paradis fiscaux, une demande de « régulation plus stricte et efficace » des transactions financières, la revendication d’un endettement au niveau européen pour payer aux financiers et aux spéculateurs la dette des pays « les plus en difficulté ».

Monks prend garde de ne pas effrayer les capitalistes allemands : « Il ne s’agit absolument pas de faire porter le poids de l’effort uniquement sur l’Allemagne » (Les Echos). Entre les lignes, on n’a pas de mal à voir la volonté à tout prix de préserver l’euro, la monnaie unique de plus en plus contestée parce qu’elle favorise les puissants, écrasent les peuples et leur développement.

C’est un contresens pour les syndicats représentatifs des luttes en France et, en ce qui le concerne, pour notre parti, le PCF, de s’associer à la campagne de la CES.

Notre parti l’a pourtant analysé depuis des années, depuis le départ dans l’après-guerre. Ce n’est pas au niveau européen, où les capitalistes, débarrassés des acquis démocratiques nationaux, sont tout puissants, qu’une issue favorable aux travailleurs est même pensable.

Emanation des milieux d’affaires, coordination des politiques antipopulaires des gouvernements de chaque pays, conçue par et pour le patronat, l’UE et ses institutions ne se rangeront jamais du côté des travailleurs.

« Changer l’UE », « construire l’Europe sociale », voilà les nouvelles formules, européennes, du réformisme, de la collaboration de classes, de la pédagogie de la résignation. La CES en est la meilleure illustration.

En revanche, les immenses mobilisations sociales de ces derniers mois, en Grèce, au Portugal, en Italie, en Espagne, ce 29 septembre, ou en France montrent le rapport de force qui existe au plan national contre les politiques au service du capital.

Chaque lutte, chaque victoire d’un peuple alimente la lutte des autres. Les coopérations mutuellement avantageuses entre les peuples que nous voulons partent de ces luttes. Elles font vivre et développent le cadre internationaliste dont nous avons besoin.

Ne laissons pas l’idée que « l’euromanif » représenterait les luttes nationales !

Combattons l’idée pernicieuse que la réponse à la crise du capitalisme puisse se trouver, en dehors des peuples travailleurs, dans une UE conçue pour les capitalistes !

Continuons nos grandes campagnes contre l’UE du capital, dans la suite de nos batailles contre Maastricht, la monnaie unique, le TCE ou Lisbonne ! En particulier aujourd’hui contre l’euro.