Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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66e anniversaire de la libération des camps de concentration nazis

avril 2011, par Saint Martin d’Hères

Soyons nombreux dimanche 24 avril 2011 à 11 h, aux monuments aux morts de la Déportation, place Elie-Roux-Fouillet, Le Murier à Saint-Martin-d’Hères.

Pour célébrer la mémoire de ceux qui continuèrent à résister jusqu’au bout de l’enfer, de toutes les victimes du système concentrationnaire nazi.

Pour marquer, toutes familles de pensée républicaines confondues, notre refus du racisme, notre tolérance zéro pour les discours, d’où qu’ils viennent, incitant à la haine raciale, à la discrimination de telle ou telle composante de la société

Le fascisme, le nazisme se sont développés sur fond de crise économique. Certains capitalistes n’ont pas hésité à recourir à l’extrême droite pour détourner la colère sociale et maintenir leur domination.

A la Libération, notre pays en a tiré des enseignements. Dans la suite du programme du Conseil national de la Résistance, de grands acquis sociaux ont été gagnés dont la Sécurité sociale, les grands monopoles publics nationalisés comme EDF et GDF. Depuis des années, ces conquêtes sociales et démocratiques ne cessent d’être remises en cause. L’extrême droite est à nouveau mise en avant avec complaisance par les tenants du système.

Autant de raisons supplémentaires de se souvenir de la tragédie de la Déportation !

Une gerbe de la section de Saint-Martin-d’Hères du Parti communiste français sera déposée pendant la commémoration officielle, par Dominique Negri, membre du conseil national du PCF et Stéphane Rollo, de la jeunesse communiste de Saint-Martin-d’Hères.

Nous invitons tous les communistes, sympathisants et progressistes à être massivement présent pour exprimer notre refus de la montée de la droite fascisante dans notre pays.

Nous vous invitons à lire l’allocution prononcée par notre camarade Emile Torner prononcée ce jour lors des cérémonies tenues à Paris :

Allocution de notre camarade Emile TORNER, ancien déporté résistant à Buchenwald et Langenstein, président de l’ADIRP de Paris, représentant de la FNDIRP.

Ce dernier dimanche d’avril nous rendons hommage aux victimes du plus grand crime jamais perpétré contre l’Humanité. Cela fait 66 ans que les camps de concentration et d’extermination ont été libérés.

Jusqu’aux derniers jours de la guerre, les nazis n’ont cessé de convoyer des cargaisons humaines vers l’enfer concentrationnaire.

160 000 êtres humains ont été déportés de France. 76 000 le furent au titre des critères racistes de l’occupant. Plus de la moitié furent exterminés dès leur arrivée. 2 500 seulement sont revenus.

Plus de 80 000 ont été déportés pour faits de résistance ou à titre de répression. Moins de la moitié sont revenus, libérés à temps par les armées alliées de la mort certaine que leur promettait le régime d’esclavage, de torture, de froid, de faim, le régime d’extermination par le travail qu’ils ont enduré au profit de l’effort de guerre nazi et de l’industrie allemande.

Le 23 juillet 1944, les troupes soviétiques entraient à Majdanek, premier camp libéré et découvraient avec effroi l’enfer organisé des camps de concentration. Les nazis en déroute n’avaient pas eu le temps d’éliminer toutes les traces de leurs crimes, dont 800 000 paires de chaussures.

Le 27 janvier 1945, l’Armée rouge libère l’infâme complexe de concentration et d’extermination d’Auschwitz- Birkenau.

Le 11 avril 1945, les déportés du camp de Buchenwald parviennent à se libérer eux-mêmes à l’approche des troupes américaines. Marcel Paul est alors parmi eux dirigeant de la Brigade française libératrice. Il deviendra le ministre communiste à qui notre pays doit la constitution d’EDF et de GDF.

L’ensemble des camps ne sera libéré qu’après le 8 mai.

Soviétiques, Anglais, Américains, autres alliés, nous gardons une reconnaissance éternelle à nos libérateurs et nous n’accepterons jamais les tentatives honteuses de les assimiler à nos bourreaux.

Le 15ème arrondissement a payé son tribut à la barbarie nazie. Les plaques sur nos murs en témoignent, nos rues portent les noms de nombreux martyrs de la liberté.

C’est aussi dans notre arrondissement que se situait le Vélodrome d’hiver. Les 16 et 17 juillet 1942, 13 152 juifs, dont 4 115 enfants sont raflés par les policiers et gendarmes français, au petit matin, à leur domicile, les enfants à la porte des écoles. Plus de 7000 d’entre eux furent parqués dans des conditions épouvantables au Vélodrome d’Hiver. Presque tous finirent assassinés dans les chambres à gaz de Birkenau.

Il y a 66 ans, rescapés, nous rentrions hagards, décharnés, méconnaissables à nos familles, pour ceux qui en avaient encore. Chacun de nous est resté partagé entre la volonté de taire l’indicible pour gagner un impossible oubli et la nécessité de témoigner pour que cela ne se reproduise plus jamais.

Les images de l’horreur côtoyée durant des mois hantent toujours nos souvenirs. Rares survivants, de moins en moins nombreux, de plus en plus fatigués, jamais la nécessité de rester fidèles aux serments prononcés sur les places d’appel des camps et de témoigner ne nous a paru aussi impérieuse.

Nous jurions alors de « suivre le chemin de la participation à la grande œuvre de l’édification d’un monde nouveau, libre et juste pour tous… en souvenir de nos millions de frères assassinés par le fascisme nazi et de ne jamais quitter ce chemin… »

Ce monde dont nous rêvions à la Libération n’est pas devenu réalité. Nous avons compris que nous devrions sans cesse lutter, aujourd’hui encore.

Lutter pour la paix quand les guerres de dominations frappent plusieurs parties de la planète et que la course au surarmement s’emballe à nouveau.

Lutter encore et toujours pour le respect de la dignité humaine dont l’obsession de nos bourreaux était de nous priver. Quelle désillusion de voir la torture continuer d’être pratiquée par tant de pays, dont certains se disent démocratiques.

Lutter encore et toujours contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Lutter encore et toujours contre le fascisme. Car rien n’est jamais acquis.

Vous imaginez notre indignation devant la banalisation des propos xénophobes et racistes. Républicains, à quelque obédience que nous appartenions, dans la même unité que dans la Résistance, notre devoir est de ne tolérer aucune dérive ! Comment un individu condamné pour incitation à la discrimination raciale peut-il encore être invité à la télévision publique !

Vous imaginez notre effroi de voir monter les résultats électoraux des partis néofascistes, en Autriche, en Finlande, mais aussi en France, qu’ils avancent à découvert ou bien masqués. Le « ventre est encore fécond d’où surgit la bête immonde » a écrit le dramaturge.

Pour nous, anciens déportés, la course contre la montre est engagée. Mais, même dans l’urgence, nous ne confondons pas vitesse et précipitation. Militants de la mémoire, notre préoccupation est d’asseoir définitivement des réalités historiques.

Un document authentique vient d’être retrouvé. Il atteste de façon incontestable que Pétain a personnellement approuvé la discrimination antisémite et aggravé le « Statut des juifs » de septembre 1940.

En 1945, une ordonnance signée par le Général de Gaulle nationalisait les usines et confisquait les biens de Louis Renault parce qu’il avait collaboré avec l’ennemi. Il est intolérable que cette vérité soit remise en doute.

Notre vigilance est permanente pour que l’intégrité des sites concentrationnaires soit respectée.

Défendre efficacement la mémoire, porter les enseignements de ces heures sombres, c’est s’adresser d’abord à la raison et non au sentiment, c’est démonter le système concentrationnaire et ses causes. Cette conviction nous anime lorsque nous témoignons dans les classes des écoles.

Dès 1943, le Conseil National de la Résistance, fondé dans la clandestinité par Jean Moulin à l’initiative du général de Gaulle, analysait les causes de la montée du fascisme et du nazisme.

Son programme, le programme du CNR devait inspirer la reconstruction du pays à la Libération. Il visait à restaurer une république sociale, centrée autour du progrès et de l’intérêt général.

Ne laissons pas remettre en cause les acquis sociaux et démocratiques majeurs remontant à cette époque, fruit de la dure expérience de notre Nation.

Souvenons-nous que c’est en partant de préoccupations sociales, de la détresse et de la désespérance, du chômage de masse que le nazisme a obtenu le soutien populaire dans l’Allemagne des années 30. Beaucoup comparent la crise économique que nous connaissons avec cette période. Soyons donc encore plus vigilants !

Nous refusons l’injustice sociale et l’écrasement des plus faibles qui firent le lit du fascisme.

Nous nous sommes battus, beaucoup de nos camarades sont morts pour la restauration de l’indépendance de notre pays et de la souveraineté de son peuple, pour un monde de fraternité, pour la coopération sincère entre tous les peuples, contre tout nationalisme.

Nous nous sommes retrouvés dans les camps, patriotes de différents pays, y compris l’Allemagne. Comme le fascisme avait tenté de diviser sur le sol national Français juifs et Français non juifs, Français et étrangers, les nazis s’appliquèrent à nous jeter les uns contre les autres, à nous soumettre à une concurrence sordide, devant l’extermination par le travail, devant la mort. Ils avaient établi une odieuse hiérarchie des « races » et des peuples dont dépendait un système de quotas de déportés par pays.

Beaucoup de ceux qui ont survécu des camps le doivent à la solidarité, à l’union dans la lutte des patriotes de tous les pays. Ne l’oublions pas !

Aujourd’hui, nous commémorons le plus monstrueux crime contre l’Humanité.

Les jeunes sont plus que jamais l’objet de toute notre attention. Nous voulons leur donner tous les moyens de constituer la relève pour transmettre notre mémoire, contre les entreprises toujours renouvelées des révisionnistes et négationnistes.

« Ce que nous pouvons laisser comme message aux jeunes, ce que la Résistance nous a appris, c’est que lorsqu’une cause nous paraît juste, il faut lutter pour elle, quels qu’en soient les risques pour soi ».

Faisons nôtre cette parole de Marie-Claude Vaillant-Couturier comme l’a fait, entre autres, un de nos compagnons décédé en septembre dernier : Georges Charpak, déporté à Dachau.

Le citoyen qui s’est engagé dans l’antifascisme à 15 ans, qui a résisté jusqu’au bout de l’enfer pour notre pays, dont les découvertes scientifiques ont valu un Prix Nobel à la France, ce patriote a grandi dans un quartier « sensible ». Il était un petit immigré.

Mesdames et Messieurs, Cette journée est un moment intense de témoignage et de mobilisation contre l’oubli, contre toute résurgence de l’idéologie nazie. Ce combat doit être permanent. Ce n’est pas que le nôtre, mais celui de vous tous, celui de la Nation tout entière.