Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
Accueil du site > Analyses politiques > 11 septembre 2001 : le mythe refondateur de l’impérialisme américain

11 septembre 2001 : le mythe refondateur de l’impérialisme américain

septembre 2011, par Saint Martin d’Hères

Le 10ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 donne lieu à un matraquage médiatique impressionnant en France, dans le monde et encore davantage aux Etats-Unis mêmes.

La campagne lacrymogène se permet outrageusement de hisser, au nom de la notion galvaudée du « devoir de mémoire » cet événement au rang des plus grands crimes de l’Humanité.

On en oublierait que la guerre américaine en Irak a tué plus de 100.000 personnes, 35 fois plus que l’attentat qui l’a prétextée, ou que sont morts 3000 immigrants latino-américains en dix ans à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.

On comprend l’émotion des familles des victimes, le caractère spectaculaire et symbolique de l’écroulement du Word Trade Center. Mais le plus marquant, depuis dix ans, est son utilisation, ses utilisations politiques, par l’impérialisme américain lui-même.

La dictature du capitalisme a été renforcée sous tous ses aspects.

La campagne contre le « terrorisme », transformée en arme idéologique de destruction massive, a permis d’instaurer un état d’exception et un état de guerre permanents.

Un climat de peur, de haine, de racisme a été instauré pour couper court aux contestations sociales.

Des lois liberticides ont trouvé une justification imparable, allant jusqu’à la garde-à-vue de 42 jours en Grande-Bretagne et à la légalisation de la torture aux Etats-Unis (Guantanamo).

La guerre d’agression, en Afghanistan, en Irak, en Libye etc. s’est inventé une fausse légitimité contre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’impérialisme américain, embrigadant à l’occasion davantage l’européen dans l’OTAN, a réaffirmé sa domination, notamment sur les zones pétrolières du monde.

Les grandes multinationales ont profité à plein de ce nouveau court à commencer par le lobby militaro-industriel.

1500 milliards d’euros : voilà ce que lui a rapporté la guerre d’Irak, une guerre largement « privatisée », enfonçant d’autant l’Etat US dans une dette publique d’un niveau inédit et permettant de nouvelles coupes dans les droits sociaux des travailleurs américains.

La commémoration mondiale du 11 septembre, orchestrée par l’impérialisme américain, montre qu’il assume cette période spéciale, qu’il entend la prolonger.

Mais sans doute pas suivant les mêmes prétextes idéologiques.

L’élection d’Obama a été présentée comme un début d’évolution.

L’armée américaine s’est débarrassée (sans dépouille) au bout de dix ans de son ancien allié Ben Laden, qui servait de catalyseur de la haine.

Dans le monde arabe, devant les mouvements populaires, l’impérialisme a lâché quelques dictateurs pour mieux installer des régimes plus adaptés à la poursuite de sa domination. En Libye, les Etats-Unis ne se sont pas montrés en première ligne.

L’impérialisme doit tenir compte du développement de la lutte des classes mondiale en pleine phase de crise du capitalisme.

Mais on aurait bien tort de voir un changement d’objectif.

Le soutien sans faille que les USA s’apprêtent à confirmer à Israël contre la fondation d’un Etat palestinien en est un signe.

Les agressions impérialistes contre tout mouvement émancipateur, notamment en Amérique latine (Cuba, Bolivie, Equateur, Venezuela…) se renouvellent.

Les guerres impérialistes continuent, s’étendent même, comme la course aux armements.

Le gouvernement français, dans une politique extérieure et militaire européenne plus intégrée encore avec le Traité de Lisbonne, s’inscrit encore plus étroitement en 2011 qu’en 2001 dans la stratégie de l’impérialisme américain.

En 2001, le gouvernement de la « gauche plurielle » obéissait et suivait en supplétif l’armée américaine en Afghanistan.

En 2009, Sarkozy opére l’acte gravement symbolique de retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. En 2011, pour le compte de l’OTAN et pour les intérêts impérialistes propres à l’UE et à la France, l’armée française intervient en première ligne en Libye.

En France, comme ailleurs, malgré le battage médiatique, l’opposition monte contre cette politique impérialiste.

Elle peut converger vers dans campagnes de masse :

- pour le retrait immédiat des troupes françaises d’Afghanistan (75 morts français, combien d’Afghans ?) et des autres « opérations extérieures », contre le « droit » d’ingérence et le respect des souverainetés nationales

- pour l’abaissement des dépenses militaires (1,2 milliards d’euros officiellement par an pour ces interventions, l’équivalent de 40.000 postes d’enseignants !), l’abandon unilatéral du nucléaire militaire français.

- pour la reconnaissance de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967

- pour des coopérations nouvelles avec les Etats du pourtour méditerranéen, notamment l’annulation d’une partie des dettes contractées par les dictateurs déchus.

- pour la sortie de la France de l’OTAN et de la politique extérieure et militaire intégrée de l’UE.