Bonsoir à tous,
Merci monsieur Le Maire de me donner la parole sur ce sujet de primarisation, c’est-à-dire de la fusion des écoles maternelle et élémentaire de manière générale eu égard à la délibération de fusion des écoles maternelle et élémentaire Henri Barbusse qui nous occupe ce soir.
La volonté de primariser les écoles maternelles dans un sens premier du déplacement progressif des programmes du CP vers la Grande Section ne date pas d’aujourd’hui mais au moins depuis les années 1980 et a été mis en œuvre par les gouvernements successifs de gauche comme de droite.
La création de l’école maternelle publique remonte à 1881. En 1908, sont définis des programmes et instructions, sous la direction de Pauline Kergomard, dont l’esprit présidera les trois quarts du 20ème siècle : Ni garderie, ni école élémentaire, elle doit seulement préparer les enfants à cette école, l’éducation doit y primer sur l’instruction.
Si le recours à la fusion des écoles semble de prime abord présenter des avantages (pallier une vacance de direction ou / et améliorer le taux de décharge de direction ou même sauver une classe contre sa fermeture mais pour un an seulement, elle conduit à plus ou moins court terme, par effet de globalisation des effectifs, à une ou des fermetures de classes.
La fusion d’écoles permet un recul des besoins en remplacement : en augmentant la taille des écoles et compte tenu des difficultés de remplacement, une absence non remplacée a des conséquences moins visibles dans une grosse structure que dans une petite (« mieux vaut répartir 25 élèves sur 10 classes que sur 4 »).
La fusion d’écoles augmente de fait la taille de la nouvelle structure permettant ainsi des « économies d’échelle » : plus clairement des suppressions de classes qui ne seraient pas possibles sur chacune des deux écoles deviennent possibles dans l’entité créée.
Voici trois exemples pour illustrer mon propos :
- Exemple 1 : une école à 6 classes avec une décharge à 33% qui fusionne avec une école à 4 classes et une décharge à 25% devient une école à 10 classes avec 50% de décharge. L’administration économise sur la fusion 8% de décharge et une indemnité de direction.
- Exemple 2 : une école à 6 classes avec une décharge à 33% qui fusionne avec une école de 13 classes avec une décharge à 100% devient une école à 19 classes avec une décharge à 100% . L’administration économie 33% de décharge et une indemnisation de direction.
- Exemple 3 : une école à 2 classes avec une décharge à 8% qui fusionne avec une école à 2 classes et 8% de décharge également devient une école à 4 classes avec une décharge à 25%. En fusionnant, l’école gagne 9% de décharge. cependant, alors qu’une fermeture de classe n’est pas envisageable avant la fusion, sur aucune des deux écoles, elle devient possible après la fusion et arrivera à la moindre baisse d’effectifs. (tendance actuelle). Les deux exemples précités ne seront pas épargnés non plus ! La décharge de l’école fusionnée reviendrait alors à 8% : l’ensemble aura perdu la moitié des décharges initiales et verrait alors ses effectifs et le nombre de niveaux par classe augmenter.
Les fusions d’écoles facilitent donc les fermetures de classes à plus ou moins court terme. L’école primaire Pauline Léon en est un exemple.
Le gouvernement démissionnaire avait annoncé une coupe budgétaire de 30 milliards d’euros de dépenses publiques sur 2024 et 2025 et avec le gouvernement fraîchement nommé , je n’ai pas de toute quant à la continuité des politiques d’austérité, alors que dans le même temps, le budget militaire de la France ne fait qu’augmenter, passant de 43,9 milliards d’euros en 2023 à 69 milliards d’euros en 2030. Une augmentation de 25 milliards d’euros pour la guerre alors que cet argent représenterait 7 millions d’emplois supplémentaires dans l’éducation, les hôpitaux, de manière générale, nos services publics.
Le service public de l’éducation n’est malheureusement pas épargné par les coupes budgétaires à hauteur d’une première coupe de 700 millions d’euros. Tout est à craindre pour l’année scolaire qui débute et les années à venir quand on connaît le contenu d’un rapport publié par l’inspection générale des finances et l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, intitulé « dispositifs en faveur de la jeunesse ». Je vous invite à le consulter. En pistes d’économies, il prévoit notamment la disparition de certains dispositifs d’aides en éducation prioritaire ou encore des fermetures de classes et d’écoles.
Pour conclure, la fusion d’écoles maternelle et élémentaire participe à la remise en cause de la spécificité française de l’école maternelle et relève d’une stratégie politique nationale globale de casse du service public d’éducation en faisant des économies sur le dos de nos enfants pendant que nos gouvernants dilapident des milliards d’euros pour la guerre dans le contexte d’escalade que l’on connait.
Ce n’est pas acceptable ! C’est même intolérable !
C’est pourquoi mon vote contre ce soir porte les propos que je viens d’exposer.