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Obama : l’impérialisme américain à visage humain ?

novembre 2008, par Saint Martin d’Hères

Ne tombons pas dans la mystification.

L’élection de Barack Obama ne surprend personne. La médiatisation à outrance de sa campagne ne visait pas tant à combattre Mac Cain, qui s’est aussitôt rallié au vainqueur, qu’à forger l’image mondiale du futur président.

La vraie bataille politique a eu lieu avant, lors de la primaire démocrate l’opposant à Hilary Clinton. Allait-on proposer aux Américains une alternance traditionnelle avec le retour du Parti démocrate, version Clinton, sur des propositions sociales plutôt moins timides que celles d’Obama ? Les milieux d’affaires, relayés par des media influents ont penché vers un autre choix. 

L’impérialisme américain traverse une double crise. Aux Etats-Unis même, le modèle de crédit et de financiarisation de l’économie a atteint une limite. Au plan mondial, la domination américaine perd à la fois de son effectivité et de sa légitimité. Les prétentions d’autres puissances montent. Les opérations d’Irak et d’Afghanistan s’embourbent. L’opinion publique internationale, en particulier dans des pays alliés ou satellites, rejette de plus en plus fortement la politique des USA. Les conditions de l’hégémonie américaine sont entamées. Pour le capitalisme américain, les méthodes de l’équipe Bush ne sont plus appropriées pour asseoir la domination US. Le soutien massif des marchés financiers et des multinationales à Obama traduit la nécessité pour eux de marquer une rupture, de faire voir un changement radical d’image et de méthode. De tout changer pour que rien ne change.

Obama a les caractéristiques pour incarner ce changement de façade qui doit apparaître comme radical. La première est sa couleur de peau. Quoi de plus symbolique pour marquer une rupture aux Etats-Unis que d’élire une personnalité identifiable à la communauté la plus écrasée historiquement par le modèle US : les noirs. Peu importe que M. Obama n’ait rien à voir personnellement comme socialement avec les descendants des esclaves qui ont tant contribué à bâtir les Etats-Unis.

On comprend les sentiments des citoyens américains d’origine africaine. Le symbole de l’élection d’Obama a en lui-même une signification politique et sociale immédiate qu’il convient pourtant de relativiser. La présence de Colin Powell, rallié à Obama, à la tête des armées US agressant l’Irak, la présence de Condoleeza Rice à la tête de la diplomatie US n’ont guère amélioré le sort des millions de noirs victimes de discrimination et de relégation sociales. La présence à la tête de l’Inde pendant des années de Mme Gandhi, n’a pas empêché que les droits humains les plus élémentaires soient toujours refusés à des centaines de millions de femmes de son pays.

Les progressistes ne peuvent qu’observer avec intérêt la défaite de Bush et de sa politique, la volonté de rupture avec une politique ultra « libérale » et ultra réactionnaire qui a trouvé dans la candidature d’Obama un moyen pour s’exprimer. L’augmentation du taux de participation en est un signe, même si Obama n’obtient les suffrages que d’un quart de la population adulte et que la majorité de la classe ouvrière reste tenue à l’écart ou se tient à l’écart des élections.

Mais quel changement réel peut représenter Obama ? Le capitalisme américain devra lâcher, comme à d’autres époques, quelques réformes pour éviter une crise sociale majeure. Obama pourra s’en prévaloir. Mais, au-delà des formules publicitaires vides (« oui, nous pouvons » mais quoi ?), toutes les positions fondamentales d’Obama se situent dans la droite ligne des choix du grand capital américain.   Au plan intérieur, il a été le premier à défendre le plan Paulson d’aide de 700 milliards de dollars aux milieux financiers. Sur les questions de société, il n’a cessé de donner des gages aux milieux les plus rétrogrades.

Au plan extérieur, il s’est affirmé pour l’intensification de l’intervention en Afghanistan, la montée des pressions sur l’Iran, etc…, il a confirmé son soutien inconditionnel à Israël.

Au centre du programme d’Obama se trouve une priorité exprimée explicitement : « renewing American leadership », « renouveler l’hégémonie américaine dans le monde ».

Pas de quoi enthousiasmer les progressistes de monde ! Pas de quoi céder au battage médiatique mondialisé !

En France, comme ailleurs, une vaste campagne a été orchestrée pour susciter la sympathie pour Obama. Elle s’évertue à transformer le rejet de Bush et de la politique récente des Etats-Unis en soutien à Obama. Avec la figure présentable d’Obama, il s’agit de réhabiliter non seulement la politique de l’impérialisme américain mais aussi les politiques qui le suivent.

Le traité de Lisbonne marque ainsi l’alignement des gouvernements des pays de l’UE sur l’OTAN, l’OMC et sur le leadership américain. Ils viennent d’adopter les mêmes plans de soutien à la finance. En France, les partis qui appuient ces choix politiques, notamment de gauche, trouvent dans Obama un moyen d’autojustification. Accessoirement, nous assistons à une tentative d’importer avec l’avènement d’Obama le modèle communautariste américain, incompatible avec la laïcité républicaine.

Communistes français, nous ne tomberons pas dans la mystification.

L’aspiration au changement exprimée par des dizaines de millions de travailleurs américains, la montée de la contestation de l’impérialisme américain sont des encouragements.

Mais nous ne pouvons pas leur donner le nom d’Obama.

Plus que jamais, nous demandons le retrait des troupes françaises d’Afghanistan, une action indépendante de la France, membre du conseil de sécurité de l’ONU, pour une paix juste et durable en Palestine, la sortie de notre pays de l’OTAN, le respect du rejet par les peuples du traité européen de Lisbonne.

Plus que jamais, nous nous opposons aux impérialismes, au premier d’entre eux, l’impérialisme américain.