Lien direct pour signer la pétition : Nous demandons la sortie, sans plus attendre, du PCF du processus des « primaires » pour 2017. Cette démarche politicienne ne doit pas phagocyter le congrès du PCF.
Il serait mortel pour notre parti que le congrès des communistes, les débats indispensables, entre eux, sur le bilan de la ligne du Parti depuis 2012, l’analyse de la situation et le projet communiste soient pollués, confisqués par l’option institutionnelle, politicienne des primaires, l’évolution des rivalités dans la « gauche » et son éternelle recomposition/décomposition.
Nous demandons pourquoi le calendrier initial, prévu par le CN début 2015, a été abandonné. La tenue d’une « convention nationale sur le projet » avait été décidée pour le printemps 2016, préalable au 37ème congrès qui se serait tenu à la fin de l’année. Le congrès aurait pu alors également trancher, en connaissance de cause, et en temps et en heure, la question de la candidature pour 2017.
La « convention » est tombée aux oubliettes. Le congrès a été avancé au printemps 2016. La direction laisse les primaires envahir le débat interne. Les adhérents du PCF s’apprêtent ainsi à connaître LE CONTRAIRE DE ce qu’on leur avait annoncé : un débat tronqué sur le fond au congrès, une décision pour les candidatures aux présidentielles, pré-conditionnée par la démarche « primaires », qui échappera à leur souveraineté à la fin de l’année.
Que le PCF puisse accepter l’idée de primaires à l’américaine est tout bonnement impensable ! A quoi bon prétendre dénoncer la présidentialisation de la démocratie bourgeoise si c’est pour en reprendre l’ultime caricature ?
Depuis deux mois déjà, les combinaisons politiciennes vont bon train, laissant nombre de militants désemparés où les luttes exigent de nous un mobilisation maximum. Au final, ce sera dix fois pire que l’épisode, vécu si douloureusement par les communistes, des « collectifs antilibéraux » de 2006. La personnification de la politique, le choc des ambitions, petites ou grandes, éclatent. La ministre de l’austérité de la justice, Christiane Taubira, est remise en selle après sa démission. La partenaire privilégiée de nos dirigeants aux départementales et aux régionales, Emmanuelle Cosse, est soudain dévalorisée pour avoir préféré une bonne place – tout de suite – dans le gouvernement remanié… Les primaires font également le jeu de Mélenchon qui les refuse. Mais ce qui est bon pour la stratégie égocentrique et politicienne de Mélenchon, ne peut pas l’être pour les communistes.
Rentrer dans la démarche des primaires, c’est se soumettre à la perspective fausse que le changement viendra de la présidentielle. C’est laisser écraser le contenu et les initiatives communistes sous ce choix stratégique.
Tous les programmes communistes que l’on pourra rédiger ensuite, subordonnés à ce cadre, ne pourront qu’être réduits à des éléments d’appoint. Certains camarades viennent de l’expérimenter aux régionales sous le poids des alliances recherchées ou obtenues avec EELV puis avec le PS. L’alternative à la droite et au social-libéralisme ne peut pas s’imaginer aujourd’hui dans un regroupement électoral préalable, à objectif majoritaire, dans une compatibilité politique, avec les « frondeurs » aubryistes sur la base de la nostalgie du programme de Hollande 2012, sinon avec un marchand de cosmétiques comme Hulot ou un anticommuniste et pro-européen viscéral comme Cohn-Bendit à l’initiative du premier appel aux primaires…
La démarche des primaires n’aboutira peut-être pas d’ici 2017. Beaucoup de ses défenseurs avouent préparer plutôt une recomposition politique à gauche pour après 2017 suivant des exemples – non concluants voire démobilisateurs – d’autres pays d’Europe. Cela ne change rien à la nocivité de la démarche pour le PCF ; pas davantage que l’éventualité d’une candidature issue du PCF dans ce cadre (le secrétaire national s’est déclaré à LA PRESSE être prêt « à forcer sa nature » pour cela). La participation au processus des primaires aura donné une caution « communiste » aux autres candidatures de « gauche » ; en particulier avec la priorité affichée d’éviter à tout prix un deuxième tour droite-FN. Une telle candidature ne pourra qu’aggraver, plus encore qu’en 2007, l’effacement de l’identité et des positions communistes.
La priorité du Parti dans les semaines qui viennent est de contribuer à élever la lutte contre les provocations antisociales que sont le projet de loi El-Khomri, la criminalisation du mouvement syndical, l’état d’urgence… De larges convergences sont possibles entre la défense du code du travail, celle des statuts de la fonction publique et des cheminots, etc. Une première victoire – le retrait total du projet – doit servir à remettre en cause tous les coups les plus graves du pouvoir depuis 2012. Aussi, ce serait un contresens pour les communistes de rentrer dans le jeu et de laisser la loi El-Khomri être le prétexte pour toutes les déclinaisons de la « gauche » de se poser en opposants, en vue de recréer des illusions électorales réformistes et pro-européennes, d’anticiper une recomposition politique, qui signifierait une nouvelle étape de l’effacement du PCF et de ce qu’il représente comme force révolutionnaire historique dans le pays. Agir efficacement en communistes dans les luttes et penser les primaires sont incompatibles !
Pour toutes ces considérations, nous appelons nos camarades à demander :
- Que les dirigeants du PCF, autrement qu’à titre strictement personnel, suspendent toute participation au processus des primaires et le fassent savoir aux médias
- Que le Conseil national du Parti qui sera convoqué à la mi-avril décide l’organisation d’une consultation nationale des communistes – préalable à la préparation du congrès et indépendamment d’elle – sur la participation ou non à un quelconque processus de primaires pour les présidentielles de 2017.