K. Marx : extrait de la 1ère adresse du Comité de la Ligue des Communistes, 1850.
…Nous avons vu comment les démocrates accéderont au pouvoir lors du prochain mouvement et comment ils seront contraints de proposer des mesures plus ou moins socialistes. La question est de savoir quelles mesures y seront opposées par les ouvriers. Il va de soi qu’au début du mouvement les ouvriers ne peuvent encore proposer des mesures directement communistes. Mais ils peuvent :
1. Forcer les démocrates à intervenir, sur autant de points que possible, dans l’ancien ordre social, à en troubler la marche régulière et à se compromettre eux-mêmes, à concentrer entre les mains de l’Etat le plus possible de forces productives, de moyens de transport, d’usines, de chemins de fer, etc.
2. Ils doivent pousser à l’extrême les projets des démocrates qui, en tout cas, ne se conduiront pas révolutionnaires, mais en réformistes, et transformer ces projets en attaques directes contre la propriété privée. Si, par exemple, les petits bourgeois proposent de racheter les chemins de fer et les usines, les ouvriers doivent exiger que ces chemins de fer et ces usines soient purement et sans indemnité confisqués par l’Etat en tant que propriété de réactionnaires.
Si les démocrates proposent des impôts proportionnels, les ouvriers doivent exiger des impôts progressifs ; si les démocrates proposent des impôts modérément progressifs, les ouvriers doivent insister pour que le taux en soit si élevé que le gros capital puisse en périr ; si les démocrates réclament la régularisation de la dette publique, les ouvriers doivent exiger la banqueroute de l’Etat.
Les revendications des ouvriers devront donc se régler partout sur les concessions et les mesures des démocrates.
Si les ouvriers allemands ne peuvent s’emparer du pouvoir et faire triompher leurs intérêts de classe sans passer par toute une évolution révolutionnaire d’une assez longue durée, ils ont, cette fois du moins, la certitude que le premier acte du drame révolutionnaire imminent coïncide avec le triomphe direct de leur propre classe en France et s’en trouve accéléré.
Mais ils doivent contribuer eux-mêmes au maximum à leur victoire finale en prenant conscience de leurs intérêts de classe, en se posant aussitôt que possible en parti indépendant, sans se laisser détourner un seul instant, par les phrases hypocrites des petits bourgeois, de l’organisation autonome du parti du prolétariat. Leur cri de guerre doit être : La révolution en permanence !