Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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Dominique NEGRI, fédération de l’Isère, intervention au Conseil National du PCF du 11 mai 2012

mai 2012, par Saint Martin d’Hères

Une droitisation générale : voilà le bilan de la campagne des présidentielles. Certes, le rejet de Sarkozy a été confirmé au second tour, mais il atteint 48,4% des voix. L’extrême-droite a pu jouer son rôle pour dévoyer la colère populaire. Hollande est élu sur un programme de poursuite de l’austérité, soutenu d’un côté, « sans conditions », par le Front de gauche de l’ex-PS Mélenchon, de l’autre par Bayrou.

Alors où est la victoire de la gauche ? Où est l’espoir de changement ?

Alors où est la victoire de la gauche ? Où est l’espoir de changement ?

Au sortir de cette campagne, Hollande et sa future majorité bénéficient d’une présomption qu’ils vont mener la moins mauvaise politique possible, sous la pression de l’UE, de l’Allemagne, de la dette publique. La caution du Front de gauche est lourde de conséquences.

Déjà Hollande s’efforce d’associer les directions syndicales, qui l’ont soutenu sans réserves, à la gestion de la crise. Les gouvernements précédents ont préparé le terrain avec les lois sur le « dialogue social » et la « représentativité syndicale » visant à impliquer les syndicats dans la cogestion et la collaboration de classe.

La raison d’être du PCF devrait l’amener à contrer ce climat de résignation, à mettre en avant les propositions de ruptures dont les luttes ont immédiatement besoin pour résister et gagner.

C’est-à-dire de faire le contraire de Mélenchon et du Front de gauche !

Mélenchon renvoie le « changement » aux prochaines élections présidentielles, 2017, 2022 !

En attendant, il adopte une posture grandiloquente de radicalité mais se contente en fait de surenchérir sur les annonces de Hollande. Le résultat, c’est de faire passer la politique de Hollande comme allant dans le bon sens dans la mesure du possible ! Le Front de gauche se révèle vraiment comme force d’appoint et de canalisation vers la gauche d’alternance.

Lors du mouvement pour défendre les retraites, la gauche distribuait des tracts contre Sarkozy en marge des manifs.

Pendant la campagne, Mélenchon a promis le maximum : 60 ans pour tous sans conditions, au minimum au SMIC revalorisé à 1700 euros,… s’il était élu.

Aujourd’hui, Hollande prévoit un minimum, le retour du droit au départ à 60 ans pour ceux qui ont commencé à 18 ans et justifie de 41 annuités. Il remet en cause en même temps la notion d’annuité validée et promet au patronat de nouvelles exonérations de cotisations au nom de nouveaux « emplois jeunes ».

Qui d’autre que le PCF devrait défendre, ce que le Front de gauche s’est gardé de faire, le retour aux 37,5 annuités, la fin des exonérations de cotisations sociales (et non leur « modulation »), conditions pour du rassemblement, de la reconstitution du rapport de force pour la retraite à 60 ans ?

Hollande n’a pas du tout l’intention de revenir sur la casse de l’emploi dans la fonction publique opérée par ses prédécesseurs, avec la RGPP. C’est logique, la RGPP s’appuie sur la LOLF co-rédigée en 2000 par la gauche plurielle et la droite (Mélenchon étant ministre). Il faut aujourd’hui les remettre en cause l’une et l’autre, la RGPP et la LOLF.

Pour la défense et la reconquête des grands services publics, par exemple des transports, nous devons être intransigeants sur la propriété publique, les statuts, les monopoles publics. Mais dans le programme du Front de gauche, la notion de « pôle public » est trompeuse et rentre en fait dans la logique des « autorités de régulation », des appels d’offre, des prestataires privés. Ce n’est pas ma conception du service public.

Sur l’Europe enfin, toute la campagne de Mélenchon et du Front de gauche a abouti à valoriser la position hypocrite de Hollande. La question n’est pas de « renégocier » le nouveau pacte budgétaire mais de rompre avec la mise sous tutelle des budgets nationaux et l’austérité à perpétuité organisée depuis Maastricht. Arrêtez de laisser le FN reprendre et dénaturer les positions du PCF de 1992 contre Maastricht et la monnaie unique !

Voilà les sujets sur lesquels, en tant que direction du Parti, nous devrions discuter. Mais en fait, le CN semble préoccupé principalement de tactiques électoralistes et toutes les décisions sont prises ailleurs.

Le parachutage de Mélenchon dans le Pas-de-Calais oriente nationalement la campagne des législatives. C’est un calcul politicien lamentable. Mélenchon se sert de Le Pen comme faire-valoir. En quoi l’ex-apparatchik socialiste est-il mieux placé que les représentants des militants communistes pour faire reculer la démagogie « sociale » de Le Pen ?

Nationalement, les partisans du Front de gauche dans notre Parti espèrent gagner des voix en se cachant derrière un socialiste puisqu’ils refusent d’assumer des positions communistes conséquentes.

Les négociations en cours avec le PS pour gagner de 2 à 5 circonscriptions, grâce à des candidatures uniques de la gauche face au FN, nous déconsidèrent de la même façon.

Battre la droite, faire reculer l’extrême-droite oui ! Mais préparons-nous à nous opposer au pouvoir de Hollande !

Du moins poussons le débat dans le Parti ! Les procédures décidées unilatéralement (par qui ?) pour décider d’une participation à une majorité de gauche plurielle sont inacceptables. Annulation du congrès statutaire, refus de poser les conditions avant les législatives, puis une consultation de la base en 24 heures chrono !

Avez-vous peur de faire le pari de l’intelligence des communistes ?

Voir en ligne : intervention Emmanuel Dang Tran au CN dans les débats sur l’Europe