Entre temps, la constitution du Front de gauche, l’alignement sur Mélenchon, le programme électoral, et toutes les décisions stratégiques principales, ont été décidés en dehors de l’avis des communistes et de leurs organisations locales, laissées en déshérence ou placées en dépendance du Front de gauche.
Obligée quand même de tenir un 36ème congrès du PCF, la direction met tous les moyens dont elle pense disposer pour anesthésier le débat, en faire un temps mort.
Les délais sont le plus resserré possible. Le texte de « base commune » est le plus vague et éloigné des réalités possible, comme son titre le montre ridiculement : « Rallumer les étoiles ». Les vrais débats sont noyés dans une suite de questions, dans des « fenêtres », sur lesquelles les communistes ne sont pas appelés à trancher. Des textes alternatifs, plus ou moins de complaisance, émanant de groupes gauchistes ou de personnalités et d’élus tous inscrits dans la stratégie du Front de gauche, servent de contrefeux officiels.
Dirigeants de fédération, de section, de cellule du PCF, militants, vétérans ou jeunes, dont 8 membres du Conseil national, nous avons décidé d’utiliser ces dispositions pour faire entendre une autre voix (voir le communiqué général), à travers le texte alternatif « Un parti résolument communiste dans l’affrontement de classe. Ni abandon, ni effacement ».
C’est visiblement insupportable à la direction du Parti. Elle multiplie les attaques contre notre expression communiste, ce qui ne peut que renforcer nos convictions sur sa justesse. Les articles de l’Huma ignorent notre démarche, déforment le titre de notre texte. Nous sommes prévenus, quasiment par hasard, in extremis, des conditions de dépôt et de parution du texte. Etc.
Voilà maintenant que la direction, via Jacques Chabalier, commissaire national à la « vie du Parti », entend choisir, à la place des initiateurs de notre texte, les noms à publier des premiers signataires. Un coup, Chabalier nous informe qu’il ne faut pas plus de 10 noms, une autre fois 15 : selon ses décisions arbitraires.
Nous lui en fournissons 16, moins que les autres textes.
Au dernier moment, pour dans le projet de bulletin de vote (alors que les communistes n’ont pas encore les textes !), voilà que nous découvrons, comme ça, sur internet, que Chabalier a éliminé 3 des 16 noms.
Pas dupes, nous savons bien qu’il s’agit de restreindre l’image de l’extension politique géographique de notre démarche communiste. Chabalier et ses chefs ont décidé de biffé trois noms, à défaut des 16. Pas n’importe lesquels !
Celui de Fabien Marion, un des artisans principaux de la renaissance de la jeunesse communistes dans les Bouches-du-Rhône, aujourd’hui secrétaire d’une cellule du PCF à Aix-en-Provence.
Celui d’Armelle Hervé, membre du Conseil départemental du PCF des Yvelines, secrétaire de la section de Mantes-la-Jolie, active dans certaines des plus grandes cités populaires de France. Armelle est adhérente depuis 30 ans (et cotisante ininterrompue).
Celui de Corinne Bécourt, membre du Conseil national du PCF, animatrice de la section de Saint-Quentin, adhérente (et cotisante !) depuis 24 ans.
Impensable ! Corinne t’appelle, Jacques. Tu oses lui répondre que tu la rayes, tu lui nies sa qualité de communiste (contre les statuts du Parti), parce que tu estimes qu’elle ne paye pas assez de cotisations ! Quelle conception du Parti as-tu ? Celle du parti d’élus, de politiciens professionnels, de bobos et de clientélistes dans le Front de gauche ?
Camarade Chabalier, tu ne connais peut-être pas – tant mieux pour toi, si ce n’est pas ta situation – les bas salaires, l’inquiétude quotidienne d’avoir des enfants dans la précarité, l’utilisation quasi inévitable des crédits, quand on se retrouve seule d’un coup avec trois enfants à charge, comme cela arrive à beaucoup d’hommes et bien plus souvent à des femmes.
Camarade Chabalier, quand tu viens au CN, tu es rémunéré pour cela. Corine Bécourt perd une journée de congé ou prend un jour sans solde.
Camarade Chabalier, quand tu payes tes cotisations, comme tu es imposable, l’Etat t’en rembourse les deux-tiers. Sache que ce n’est pas le cas pour d’autres.
Militer dans un territoire, être responsable d’une section, tu dois le savoir, c’est aussi raccompagner des camarades le soir dans toute le Saint-Quentinois sans compter l’essence…
Nous n’acceptons pas, ni aujourd’hui, ni à travers l’aggravation des statuts du Parti avancée, que la direction finisse de trahir l’histoire et la raison d’être du Parti de la classe ouvrière et de ses alliés, de le transformer en parti institutionnel centré sur la petite bourgeoisie et les combines politiciennes.
En tout état de cause, tu es tenu, comme la direction dont tu es l’émanation, de respecter les statuts actuels du Parti (voir ci-dessous).
Aussi, à travers ce communiqué public, nous demandons à la direction du PCF, sans délais de rétablir la liste intégrale des premiers signataires de notre texte alternatif « Un Parti résolument communiste dans l’affrontement de classe, ni abandon, ni effacement ! ».
Vive le Parti communiste français !
PS : extrait des statuts.
Art 11.1 « A l’issue de cette période, deux cents adhérent(e)s issu(e)s d’au moins dix fédérations peuvent proposer une base de discussion alternative qui doit traiter de l’ordre du jour du congrès et respecter la cohérence de celui-ci. Sa dimension ne saurait excéder celle du projet adopté par le conseil national. »
Jean Baus (54), secrétaire de la section de Jarny, fédération de Meurthe-et-Moselle ; Frédéric Bernabé (70), section de Vesoul, secrétaire de la fédération de la Haute-Saône, Conseil national ; Corinne Bécourt (02), section de Saint-Quentin, CD de la fédération de l’Aisne, Conseil national ; Jean Clavel (92), section de Malakoff, fédération des Hauts-de-Seine, soldat du refus en Algérie ; Joël Copin (62), section de Rouvroy, fédération du Pas-de-Calais, responsable pour Rouvroy d’une association nationale d’entraide et d’action sociale ; Emmanuel Dang Tran (75), secrétaire de la section de Paris 15, CD de la fédération de Paris, Conseil national, responsable de la revue « Cahiers communistes » ; Fabienne Debeauvais (80), section d’Amiens, fédération de la Somme, Conseil national ; Claude Fainzang (75), section de Paris 19, CD de la fédération de Paris, conseil national, responsable nationale d’une association de défense du droit au logement ; Armelle Hervé (78), secrétaire de la section de Mantes-la-Jolie, CD de la fédération des Yvelines ; Eric Jalade (81), section de Castres, secrétaire de la fédération du Tarn, Conseil national ; Jean-François Larosière (59), section de Douai, CD de la fédération du Nord, responsable régional d’une association de solidarité avec le peuple palestinien ; Fabien Marion (13), section d’Aix-en-Provence, fédération des Bouches-du-Rhône ; Dominique Negri (38), secrétaire de la section de Saint-Martin-d’Hères, CD de la fédération de l’Isère, CN ; Michel Perrin (87), section Limoges-Cheminots, fédération de la Haute-Vienne, ancien secrétaire de la fédération ; Christian Tabaglio (54), section de Jarny, fédération de la Meurthe-et-Moselle, Conseil national, Russell Yates (77), secrétaire de la section de Meaux ; Noël Zicchina (2A), section d’Ajaccio, CD de la fédération de Corse-du-Sud
Et des centaines d’autres camarades : 450 signataires du texte de 57 fédérations…