Nous reproduisons l’article paru dans « l’Humanité » de ce lundi 17 mai 2010.
Sur l’ancien haut lieu de la Résistance armée en Haute-Savoie, 3 000 personnes défendent le modèle social issu du Conseil national de la Résistance. Et appellent à renouer avec ses promesses de « jours heureux »
Plateau des Glières (Haute-Savoie), envoyé spécial.
En tant que chef de l’État depuis 2007, Nicolas Sarkozy aurait donc le droit de piétiner, un jour par an, lors d’un pieux « pèlerinage » la mémoire des résistants, multipliant les saillies déplacées au coeurr de la nécropole nationale de Morette, sur le plateau des Glières.
Les autres jours de l’année, le président de la République aurait la permission d’accélérer le travail de sape contre les conquêtes sociales issues du programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Malgré les pressions de la droite et le boycott de la presse locale, en dépit des tentatives d’intimidation contre les figures de la Résistance qui le parrainent, le rassemblement, organisé à la mi-mai depuis 2007 par une poignée de militants haut-savoyards, s’élargit chaque année.
Hier, au coeur de ce maquis à 1 500 mètres d’altitude, par une température de deux degrés, 3 000 citoyens venus des environs comme de tout le pays, sans badges ni banderoles, ont écouté pendant deux heures et demie un beau plateau de « résistants d’ hier et d’aujourd’hui » selon l’expression qui sert de nom au comité organisateur.
Odette Nilès, amie de Guy Môquet, résistante et présidente de l’amicale de Châteaubriant, invite à faire nôtre cette phrase de Lucie Aubrac : « Résister se conjugue au présent ».
Membre des bataillons FTP-MOI à Lyon, Léon Landini s’élève contre « tout ce qui peut porter atteinte aux acquis mis en place lors de l’application du programme du CNR » contre cette « destruction systématique effectuée au nom d’ une Europe que 55 % des Français ont rejetée en mai 2005 ».
Après Didier Poupardin, médecin de quartier à Ivry, refuznik de la santé à l’économie sur le dos des malades les plus pauvres, ou encore Dominique Liot, « Robin des bois » à ERDF en Midi-Pyrénées, le magistrat Serge Portelli, membre de l’Appel des appels, décrit une situation où « nous ne sommes plus dans une démocratie, pas dans un État autoritaire, mais dans un État limite » : « Il y a aujourd’ hui une haine de notre passé : ce n’est pas simplement Mai 68 dont on ne peut plus parler, ce sont les valeurs, effectivement, de la Résistance et même au-delà, les valeurs de la Révolution et celles des Lumières ».
Pilier de l’association Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, avec le résistant Walter Bassan et le réalisateur Gilles Perret (1), Didier Magnin appelle, en référence au modèle du CNR, à « réinventer notre modèle social » : « Aujourd’hui, résister est une nécessité impérieuse, mais résister ne suffira pas pour tracer un avenir meilleur : il faut appeler à constituer un programme politique, social du XXIe siècle, à construire une nouvelle utopie réaliste ! »*
Thomas LEMAHIEU, journaliste à « l’Humanité ».
* que, communistes, nous nommons de ce si joli mot : « socialisme » ! (NDLR)
Voir la video de l’intervention de notre camarade communiste, Léon LANDINI.