A nouveau, le constat s’impose : L’unité des syndicats sur une ligne de lutte rassemble davantage que l’unité sur une ligne ambigüe. L’UNSA, avec ses positionnements entre deux chaises, assimilables à un double-jeu, se discrédite. La CFDT est déjà totalement enfoncée dans la collaboration de classe.
La propagande du pouvoir se recentre sur l’intox : sa « réforme ferroviaire » signifierait la fin de la division du rail en Fance entre la SNCF et RFF. TER trop larges, accident de Brétigny : les prétextes de la pire mauvaise foi sont bons. Répondons : « chiche » ! Vous préconisez la réunification des chemins de fer ? Nous aussi ! Mais votre projet de loi prévoit l’inverse !
Le gouvernement veut aller vite avant que son mensonge apparaisse aux yeux du peuple. NON, le projet de loi ne réunifie pas le rail français ! Il parachève la division entre l’exploitation et le réseau. Il crée une entité fantoche, « Epic de tête », destinée provisoirement à donner le change, en attendant les prochaines directives européennes de mise en concurrence et de privatisation.
Pour nous le démantèlement de la SNCF, société nationale créée en 1937, est absolument non négociable ! Le point nodal de la « réforme » est purement et simplement inacceptable. Nous prenons le pouvoir au mot en réclamant, avec les syndicats qui appellent à la grève, le maintien de la SNCF comme entreprise ferroviaire intégrée et la réintégration de RFF dans la SNCF. C’est clair aussi pour l’opinion publique.
Avec le démantèlement de la SNCF, le projet de loi du gouvernement abroge le statut des cheminots de 1940 – en osant cyniquement prétendre qu’il est issu de Vichy ! – et remet à plat toutes ses dispositions, fruits de 74 ans de lutte. Rien n’est négociable là-dessus non plus, y compris dans l’intérêt de l’ensemble du monde du travail !
Tant que le gouvernement ne cèdera pas sur les points fondamentaux – ceux qui lèvent les derniers obstacles à la poursuite et l’achèvement du processus de marchandisation et de privatisation -, aucune négociation, aucun amendement, aucun compromis n’est imaginable.
Parce que tout ce qu’ils avanceront, sans cela, de plus ou moins « technique », ne sera que du vent !
Que ce soit le renforcement de « l’EPIC de tête », de toute façon destiné à disparaître, à être intégré à l’Etat, aux régions, certains services à être filialisés, une fois que la mise en concurrence pourra être imposée.
Que ce soit l’illusoire « harmonisation », temporaire, des droits des travailleurs du rail. La perspective de « convention collective de branche » accompagne la mise en concurrence. Elle pose dès le départ le principe du nivellement par le bas, une fois que le statut sera cassé juridiquement avec la « réforme ». Les agents des éventuels SNCF-mobilité et SNCF-Infra seront logés à la même enseigne au nom de l’austérité des moyens publics. Pour nous, il ne conçoit qu’une seule harmonisation : le maintien et la reconquête des acquis du statut des cheminots SNCF, comme repère pour tous, et la perspective d’intégration à la SNCF de tous les salariés des sous-traitants, et filiales. Donc, pas d’enfumage !
Pas d’enfumage non plus sur la « dette ». Le projet de loi ne s’y attaque pas. Cela n’est pas son objet. Après son adoption, les pressions sur le service public, les salariés et les contribuables seront encore favorisées au nom de la « concurrence », dans l’intérêt du profit privé.
Il n’est pas vrai non plus que les usagers, les populations, qui sont aussi des salariés, des retraités, des jeunes, durement frappés par les politiques antisociales des gouvernements successifs, sont coupés des cheminots. Ils vivent la dégradation du service public, les hausses de tarifs. Ils connaissent les exemples dramatiques de la libéralisation du rail en Grande-Bretagne par exemple.
Des convergences de lutte, avec les postiers, les agents des hôpitaux, du nettoiement, des autres transports se développent.
Le rejet de l’Union européenne du capital est massif et cherche une issue. L’idée d’une résistance à la politique d’austérité par les luttes fait son chemin.
L’examen en commission de l’Assemblée nationale du projet de loi a été un peu une répétition du débat parlementaire. On a pu constater un profond consensus entre la gauche gouvernementale et la droite, même si cette dernière, par posture, s’est opposée. Seule l’UMP a voté contre le projet du ministre Cuvillier mais cela ne veut pas dire qu’ils ne soient pas d’accord. Au contraire, tous supportent le projet européen de mise en concurrence. Pour tous, la loi doit se soumettre à « l’euro-compatibilité ». La seule divergence tient au calendrier. Aucune voix ne s’est élevée contre l’abrogation du statut historique…
Communistes, nous continuons à penser, plus que jamais, que le monopole public constitue la meilleure organisation possible d’un service public de réseau. C’est pourquoi nous nous opposons à l’application en France des directives, des « paquets », européens, illégitimes. C’est une des raisons pour lesquelles, nous exigeons le retrait du projet de loi. Mais sans aller jusque-là, nous prenons au mot le gouvernement et sa prétention (hypocrite) à réunifier SNCF et RFF.
Il ne faut surtout pas laisser le gouvernement, discrédité, et les parlementaires seuls ! La lutte, considérable, qui ne fait encore que se développer à la SNCF, peut et doit changer le scénario prévu.
La preuve en est la peur que le pouvoir en a.
Plus que jamais, notre objectif et notre slogan immédiats sont : NON à l’éclatement de la SNCF, réintégration de RFF, maintien et extension du statut des cheminots SNCF !