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Pays-Bas. Le 6 avril, le peuple aura la possibilité de dire NON à l’un des pires mauvais coups de l’UE : l’accord d’association avec l’Ukraine

mars 2016, par Saint Martin d’Hères

ML pour « Solidarité internationale PCF – vivelepcf », 4 mars 2016.

En 2005, nous avions salué le peuple néerlandais qui, quelques jours après le peuple français, avait voté NON au projet de « constitution européenne ». Dans « l’autre pays du NON » également, le rejet populaire de l’UE du capital n’a fait que s’amplifier depuis. Le 6 avril prochain, les Néerlandais pourront à nouveau l’exprimer dans les urnes. Un référendum se tiendra sur un sujet européen qui est loin d’être secondaire : l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine.

La tenue d’un référendum a été gagnée par une campagne « citoyenne ». 428.000 signatures ont été rassemblées, bien plus que les 300.000 requises par la Constitution. Le résultat sera considéré comme valide si la participation dépasse 30%. Une majorité, probable, pour le NON ne sera pas contraignante mais mettra le gouvernement en grande difficulté.

En France, comme dans la plupart des autres pays de l’UE, la ratification de l’accord UE-Ukraine s’est faite en catimini : même pas trois heures de débat à l’Assemblée et au Sénat il y a un an, pratiquement sans aucun écho médiatique, y compris venant des parlementaires qui ont voté contre. Cela malgré les lourdes implications économiques et politiques de cet accord.

Aux Pays-Bas, les partis populistes de droite mènent une large campagne pour le NON, cherchant, comme ailleurs, à détourner l’opposition à l’UE vers le nationalisme et la xénophobie. Sur des bases radicalement différentes, plusieurs partis de gauche mettent toutes leurs forces contre l’accord UE-Ukraine, notamment le « Socialist Partij », parti socialiste de gauche, qui dispose de plusieurs parlementaires et dont les députés européens siègent au sein du groupe GUE-NGL avec le PCF.

On se souvient que c’est le refus par le gouvernement légal de l’Ukraine en 2013 de l’accord qui a déclenché la crise, le coup d’Etat et la guerre avec l’ingérence de l’OTAN et précisément de l’UE. Sa ratification aujourd’hui a une lourde signification politique : le soutien européen au pouvoir putschiste du président Porochenko qui sombre dans la faillite, la corruption, la dictature avec notamment l’interdiction du PCdU et la bienveillance à l’égard des groupes néonazis.

Sur le plan économique, les répercussions sont très négatives aussi bien pour le peuple ukrainien que pour les pays de l’UE. Le libre échange entre l’UE et l’Ukraine met automatiquement fin au libre échange entre l’Ukraine et la Russie (sinon la Russie rentrerait dans la même zone que l’UE). Or l’économie et surtout ce qui reste de l’industrie en Ukraine est historiquement complémentaire de celles de la Russie.

En concurrence directe avec l’UE, elle va rapidement finir de péricliter, entraînant encore chômage et appauvrissement. Conséquence politique également : les régions industrielles sécessionnistes du Dombass seront encore davantage dissuadées d’une solution ukrainienne fédérale à la guerre latente.

Pour les pays de l’UE, les Pays-Bas ou la France, l’Ukraine va servir de base arrière, encore meilleure marché que les pays de l’est membres de l’UE, pour les délocalisations du patronat. La main d’œuvre qualifiée, sous employée, en Ukraine ou dans l’UE, va concurrencer les droits sociaux des pays de l’UE : on passera à terme du « plombier polonais » au « plombier ukrainien ». Le champ d’action des oligarques et des mafias ukrainiens va aussi s’étendre.

Le « Socialist Partij » a par ailleurs dévoilé que l’accord d’association avec l’Ukraine risquait d’introduire en Europe l’une des dispositions les plus dangereuses et combattues du projet TAFTA de traité de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis : la possibilité juridique pour les multinationales d’attaquer les Etats devant un tribunal arbitral international, au-dessus de leur propre souveraineté.

Complexe et opaque, le TAFTA fait l’objet d’importantes campagnes « citoyennes » de rejet, notamment en France. Les divergences internes aux capitalistes américains et européens – Donald Trump représente aux USA le camp qui y est le plus opposé – les facilitent. L’accord entre l’UE et l’Ukraine malgré sa gravité facilement identifiable est imposé presque comme on met une lettre à la poste.

Le référendum du 6 avril aux Pays-Bas, l’action des partis progressistes néerlandais, peuvent et doivent permettre d’alerter l’opinion publique en France et de renforcer l’opposition anticapitaliste à l’UE.