Cela fait deux mois que les facteurs du LAUZET dans les Alpes-de-Haute-Provence sont en grève. Ils refusent la délocalisation de leur bureau à Barcelonnette, ce qui représenterait pour eux 11.000 km de transport supplémentaires par an ! La mobilisation s’étend contre la désertification rurale.
Dans le 2ème arrondissement de MARSEILLE, les 53 facteurs poursuivent leur grève, à 100%, depuis presque 100 jours contre le recours à l’intérim pour combler les tournées à découvert, pour l’emploi stable. Là aussi, ils sont de plus en plus soutenus.
A ESBLY, en Seine-et-Marne, au bout de 6 jours de grève, les facteurs ont gagné l’embauche d’un CDI et la titularisation d’un CDD.
A PLOZEVET dans le Finistère, la grève dure depuis 30 jours pour le maintien des horaires d’ouverture du bureau. La mobilisation des usagers avec les postiers est constante.
A NANTES-DOULON, grève le 11 janvier contre la suppression de plusieurs guichets « toutes opérations » dans le cadre de la restructuration du bureau.
A RENNES la grève s’étend contre l’ouverture des bureaux le samedi après-midi sans personnel supplémentaire.
A AUXERRE, 16ème jour de grève contre la suppression de 4 tournées sur 42 au CDIS.
Etc. dans les Pyrénées-Orientales, les Côtes-d’Armor…
A entendre le débat politique dominant, tout ce qui compte, c’est la préparation des élections de 2012, les primaires dans les différents camps. Alors 2011, une année blanche politiquement ?
Non, sûrement pas !
Salariés, nous ne pouvons pas nous permettre de patienter dans l’illusion d’un changement qui viendrait tout seul, comme ça, par les urnes. La dégradation de nos salaires, de nos conditions de travail, de logement a dépassé le stade du supportable.
Et pendant ce temps, on annonce le retour des profits record pour les entreprises du CAC40.
D’ailleurs, pour le pouvoir, 2011 n’a rien d’une année d’attente.
Dans ses vœux, même si c’est sur un ton plus humble que d’habitude (la bataille des retraites est récente), Sarkozy a annoncé la couleur.
Son gouvernement compte accélérer encore sa politique de casse économique et sociale : une fiscalité encore plus injuste, de nouvelles aides aux licencieurs, une loi sur la « dépendance » pour ponctionner les salariés et les retraités, la poursuite des privatisations, des dizaines de milliers de suppressions d’emplois dans le secteur public…
Tout cela au nom des « déficits » que sa politique fabrique elle-même, de l’Europe du capital et de son euro.
Il y a à peine quelques semaines, la mobilisation pour la défense des retraites a montré que des forces considérables existent pour mettre en échec la politique au service du patronat.
A LA POSTE AUSSI, le rapport de force existe pour stopper le processus de privatisation et commencer à l’inverser.
Chaque semaine, dans des dizaines d’endroits en France, des postiers font grève contre les restructurations.
Cela ne se dément pas, au contraire, depuis le 1er janvier 2011, à Auxerre, à Marseille, dans le Finistère ou dans les Alpes-de-Haute-Provence…
Le soutien des usagers vient presque naturellement. La défense de La Poste, dans toutes ses branches, est un point de convergence des luttes à la mesure de ce que représente notre service public pour le pays.
On l’a vécu en 2009 avec les pétitions de masse contre la loi antipostale. Maintenant tout le monde peut constater que les 2,7 milliards d’euros d’apport d’argent public, qui ont servi de prétexte au changement de statut, vont servir à supprimer des emplois, à racheter et renflouer des banques privées, à continuer de faire de la Banque postale une banque aussi pourrie que les autres.
Retraite, Poste : la question essentielle, c’est celle de la perspective politique.
Nous disons que le changement proviendra du rassemblement dans les luttes et non de combinaisons pour une alternance en 2012.
Parallèlement, il faut sortir du consensus des forces de l’alternance et mettre en avant des propositions de rupture.
Non à la soi-disant fatalité de l’allongement de la durée de cotisation !
Non à la soi-disant fatalité des directives européennes de mise en concurrence (théoriquement complète pour les activités postales depuis le 1erjanvier) et de marchandisation des activités de service public.
Oui à la défense, pied à pied, à la reconquête du monopole public, du statut des entreprises publiques et des salariés !
L’explosion de la souffrance au travail à La Poste est directement liée à ce processus de privatisation, à la recherche de l’exploitation maximale du salarié, à une politique du personnel visant à éradiquer l’esprit de service public de notre entreprise.
Les patrons savent ce qu’ils font. Ils cherchent à développer la résignation, le repli sur soi.
La lutte collective devient une question vitale.
Bonne année !