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« Le communisme a échoué, repartons du libéralisme et du catholicisme », selon Fausto Bertinotti, premier président du PGE, ex-leader de Refondation communiste

décembre 2014, par Saint Martin d’Hères

Croustillantes, les déclarations de celui qui a été présenté pendant une décennie comme le dernier espoir du communisme italien et européen, celui qui fut le premier président du PGE (Parti de la gauche européenne). Bertinotti abjure le communisme et épouse le libéralisme.

Article AC pour http://www.solidarite-international...

C’était le 29 août dernier, mais ces déclarations lors du Festival de Todi méritent un écho, tant Bertinotti a été mis en avant de 1994 jusqu’en 2008 dans le mouvement communiste européen.

Bertinotti, repenti du communisme ? Il ne l’a jamais été, communiste

Dans la pratique, cela fait longtemps que Bertinotti avait abjuré le communisme, lui qui a tenté en 2008 de liquider le Parti de la refondation communiste dans une Gauche arc-en-ciel. Il n’est parvenu qu’à faire d’un mouvement à 10 % une coalition électorale étriquée à 3 %.

Bertinotti n’a sans doute jamais été communiste. Lui qui a longtemps fricotté dans un Parti socialiste italien (PSI) pourri, coopté dans le nouveau Refondation communiste au début des années 1990 pour jouer la carte de l’ouverture, de la rupture avec le vieux PCI.

Bertinotti endosse désormais le costume honteux du repenti : « Le communisme a échoué », dit-il. Quand on lui demande de quelle idéologie il faut repartir, il répond : « du libéralisme, qui a défendu les droits de l’individu ».

Ses modèles : les papes ! De Ratzinger le rebelle à François le résistant

Qui a vraiment été révolutionnaire dernièrement ? « Le Pape, avec la démission de Joseph Ratzinger ». La seule force résistante du XX ème siècle : « La culture catholique, revitalisée par le Pape François qui remporte l’adhésion et l’attention de mondes éloignés ».

L’ancien président de la Chambre de l’Assemblée, secrétaire de Refondation communiste, président du PGE, qui fait l’apologie de la papauté, fait son coming-out libéral, seule l’Italie peut produire ce genre de personnage, qui retourne leur veste jusqu’à en épuiser les coutures !

Bertinotti continue son mea culpa : « La gauche que j’ai connue, celle qui lutte pour l’égalité des hommes, qui demandait aux prolétaires de tous les pays de s’unir, elle est morte sur une défaite. J’appartenais à ce monde, battu par la falsification de sa thèse (l’URSS), par un changement qu’on appelle mondialisation et capitalisme financier global ».

« La gauche qui se battait pour l’égalité est morte, le libéralisme est l’avenir »

On se frotte les yeux, mais lui continue :

« Je pense que la culture libérale – qui a été plus attentive que moi et ma culture à l’individu, à la défense des droits et de l’individu et de la personne contre le pouvoir économique et contre l’Etat – est aujourd’hui indispensable pour entreprendre le nouveau chemin de libération ».

Le libéralisme contre le communisme, un nouveau credo :

« Cela fait mal de dire cela. Mais j’appartiens à une culture qui a pensé qu’on pouvait réprimer les droits individuels au nom d’une cause libératrice. Nous avons pensé qu’on pouvait, pour un temps, bailloner les désaccords, et bien, les gars, ça c’était la révolution ! ».

« Ne me dites pas qu’on savait pas pour l’URSS, 1956 ou Prague ! »

Et quand Bertinotti s’essaie cultureux, c’est raté, mais il atteint des sommets déjà gravis par d’autres, dans l’anti-communisme :

« Mon histoire a pensé que l’on pouvait réprimer les libertrés personnelles. Les intellectuels européens entre 1945 et 1950 étaient tous communistes. Jean-Paul Sartre (!), André Gide (!!), Albert Camus ( !!!) pour parler des Français. En Italie, tous, juste tous : les réalisateurs néo-réalistes, les universitaires, les grands écrivains, les éditeurs. Ils étaient tous communistes. Et ne me dites pas s’il vous plaît qu’on ne savait rien de ce qui se passait en Union Soviétique, et qu’il fallait attendre 1956 ou Prague ! ».

De « Nous étions communistes » à « Nous serons tous libéraux » !

Et il finit par son ode au libéralisme, sa conversion au libéralisme catholique : « Je pense que la culture libérale a de manière féconde découvert la première, puis défendu et réhabiilité le droit individuel comme quelque chose d’incompressible.

Si je devais revoir ma trajectoire politique, je prendrai avec moi outre ce qu’il y a de meilleur dans ma tradition, revue de manière très critique, je prendrai surtout ce qui est porté par la tradition libérale et celle catholique ».

Bertinotti disait qu’en Italie en 1945 « nous étions tous communistes ». En 2014, en Italie, « ils sont tous libéraux ».

Même et surtout les anciens communistes repentis : le président de la République Napoletano, les leaders du PD Bersani, d’Alema, le ministre de la Justice Orlando, la ministre de la Défense Pinotti.

Ils sont à la tête du gouvernement Renzi qui casse les derniers acquis démocratiques et sociaux de la Résistance, insèrent l’Italie dans une Europe anti-démocratique, dans le militarisme à l’étranger.

Se convertir au libéralisme en 2014, en Italie : quel anachronisme !

L’Italie depuis 1991 s’enfonce dans la fragmentation territoriale, la corruption morale, la domination cléricale, la soumission européenne, la destruction de la démocratie, le détricotage de l’anti-fascisme.

Tout le contraire de ce que le Parti communiste italien – avec tous ces défauts, dont sa faillite a été la manifestation – avait miraculeusement fait tenir dans sa fonction nationale, démocratique, laique et sociale.

Bertinotti renie ce passé auquel, en bon socialiste, il n’a jamais appartenu. Il rejoint un libéralisme auquel les élites italiennes adhèrent, repenties, converties, achetées. Un libéralisme abhorré par les masses italiennes en quête d’alternative révolutionnaire, et qui n’ont que le dangereux mouvement « populiste » de Beppe Grillo, toujours plus affiché à droite.

M.Bertinotti ne mérite que mépris. Sous son mandat, sous son « génie créatif », il a liquidé ce qu’il restait du communisme italien. C’était sa mission. Se répatir les rôles avec ceux qui ont « choisi la liberté » (du capital) dès 1991, et achever la liquidation de l’aile-gauche du mouvement.

Il a abandonné toute forme d’organisation communiste, toute référence solide au marxisme et au léninisme, fondu un collectif de 130 000 membres en un groupe de 20 000 individus, détruit les 10 % existants en 3 %, partagés avec les Verts, les alternatifs et autres.

On peut se réjouir du coming-out libéral-catholique de Bertinotti, la seule question à se poser : comment cet individu a été pendant 10 ans la référence de dirigeants communistes, français et européens ? Comment a-t-il pu fonder et présider le PGE qui coordonne les ex-PC en mutation-transformation-liquidation ? A bien y penser, il y a bien une logique.

Bon vent à M.Bertinotti, avec sa retraite dorée de parlementaire aux frais des communistes. Qu’il vogue loin de chez nous, et près du Vatican et du Palais du Quirinal, qui l’attendent !