Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
Accueil du site > Vie du conseil national > Intervention de Dominique Negri, membre du conseil national et secretaire (...)

Intervention de Dominique Negri, membre du conseil national et secretaire de la section de St-Martin-d’Hères

Intervention de Dominique Negri au conseil national des 27 et 28 mars 2010

mars 2010, par Saint Martin d’Hères

Je fais partie de ceux qui se sont prononcés contre « l’offre politique » qui a ouvert la voie aux listes du Front de gauche pour les régionales. Je constate aujourd’hui qu’elles n’ont pas répondu aux exigences du mouvement social.

Elles n’ont pas non plus répondu aux objectifs affichés : « faire bouger le centre de gravité » de la gauche et gagner « un maximum d’élus communistes ». Alors que les luttes n’ont cessé de se développer et de s’étendre à de nouveaux secteurs, le Front de gauche n’a pas été perçu comme un relais. Le « carton rouge » au gouvernement s’est exprimé avant tout par l’abstention, puis par le progrès relatif du PS et d’Europe écologie [sans parler là du FN].

En termes d’élus, le résultat est navrant pour le PCF qui recule de 185 élus en 2004 à 95 en 2010. En Rhône-Alpes, c’est pire avec la perte de 9 élus sur 15, en Isère, de 2 sur 3. L’absence de toute ligne d’émancipation du PS est une cause de ce résultat. Avant le 1er tour, l’objectif de victoire de toute la gauche a été systématiquement mis en avant. Après le 1er tour, les négociations pour la fusion des listes se sont faites en défaveur du PCF, y compris au sein du Front de gauche. 

Il est indispensable d’analyser le phénomène de l’abstention. Il y a bien perte de confiance dans les représentants politiques mais aussi rejet des jeux politiciens, attente d’une alternative. Quand notamment 69% des ouvriers s’abstiennent, il s’agit d’une abstention de classe qui nous interpelle comme communistes. On ne peut pas nier le problème, comme certains tenants du Front de gauche, en proclamant d’autorité que ceux qui votent FdG seraient les plus « politisés ». 

A Saint-Martin d’Hères, l’abstention atteint des sommets dans les quartiers les plus populaires, jusqu’à 72% dans certains bureaux. C’est dans les mêmes bureaux que nous obtenons nos meilleurs scores, de l’ordre de 30%. Globalement, dans la ville, nous faisons 20,20%. C’est le meilleur résultat du département et je crois même de la région. L’activité continue de la section du PCF a beaucoup joué.

Mais nous faisons la même analyse qu’aux européennes. Les voix du Front de gauche correspondent à la carte des voix communistes mais il en manque un très grand nombre. Les comparaisons avec la cantonale de 2008 et la législative de 2007 le montre nettement, y compris dans les autres communes incluses dans la section. Quand nous entendons certains dire que sans les partenaires du Front de gauche, nous aurions perdu encore plus d’élus communistes, mes camarades et moi-même nous répondons : « chiche, voyons voir ! »
Il est clair aussi que la présence sur la liste de tous les maires PCF de l’Isère et de la sénatrice ont permis de garder des voix. 

J’entends dans le rapport de Pierre Laurent que le Front de gauche doit dépasser le rassemblement de sommet et la collection de sigles. On a encore commencé à l’envers. On l’avait déjà dit à propos des collectifs anti-libéraux. N’avez-vous pas, camarades, l’impression de tourner en rond ?

« Front social », « front populaire », « front intellectuel » ? Je propose que nous avancions enfin en reprenant par le début : faire vivre le PCF, reconstruire l’activité des cellules. Pour cela, il faut sortir de cette stratégie d’effacement du Parti, redonner la priorité à la lutte des classes, redonner confiance dans le PCF. D’ici 2012, libérons-nous des discussions interminables et spécieuses comme en 2006 : affirmons que nous présenterons un candidat PCF ! 

L’abstention vient souligner le rôle du PCF dans ce que le rapport caractérise, à juste titre, comme une période d’exacerbation de la lutte des classes. Cessons de rester enfermés dans une perspective et une activité institutionnelles ! Dans la bataille des retraites, ne soyons pas « aux côtés » du mouvement en attendant 2012 mais dans le mouvement pour contribuer à gagner tout de suite une rupture !

Cela passe aussi par des positionnements clairs et affirmés en toute indépendance. Il est très important que le PCF réaffirme des positions de référence pour défendre la retraite à 60 ans, pour combattre l’allongement de la durée de cotisation et au contraire exiger son retour à 37,5 années, pour défendre le financement solidaire par répartition par la cotisation sociale. La reconstitution de l’électorat communiste ne peut être que la conséquence de notre action dans ces batailles se joue la perspective politique. 

Il y a matière à nourrir un congrès du Parti. D’autant, la façon dont se sont déroulés ces régionales a mis les communistes en colère un peu partout, que le Front de gauche a divisé le Parti comme jamais. Mais c’est d’un vrai congrès du PCF dont les communistes ont besoin ! Pas d’un congrès, organisé à la hâte en 2 mois, complètement contrôlé, de fait, par la direction ! Pas d’un congrès verrouillé pour ficeler le Parti dans les mêmes choix d’ici 2012 ! Tenons le vrai congrès, sérieusement, avancé à juin 2011 ! D’ici juin 2010, accordons enfin la priorité aux luttes : retraites, hôpital, finances publiques…