La question référendaire pourrait reprendre la formule de juillet 2018 du projet de loi modifiant la Constitution, avorté pour cause d’affaire Benallah. Les députés avaient alors voté (bien que cela n’ait rien à voir avec l’organisation fondamentale de la République) l’ajout, à l’article 1 de la Constitution, de la phrase : « la France agit pour la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et contre les changements climatiques ». Macron pourrait être tenté de poser maintenant la question aux Français… En France, des multinationales environnementalistes ont pris l’initiative d’une pétition en ligne, dite « affaire du siècle » ce nouveau niveau de l’offensive antidémocratique de ces lobbys prépare peut-être le terrain.
L’actualité appelle notre parti à une réflexion plus poussée et surtout plus critique sur la campagne « pour sauver le climat ».
Que dire des manifestations « pour le climat » avec des jeunes et des scolaires hier, à partir d’un engagement généreux ? Souvenons-nous de la violence de la répression, en décembre, contre la luttes des lycéens, défendant leur propre intérêt, contre la loi Blanquer sur le lycée, la casse du bac et Parcoursup. Des circulaires appelant les proviseurs à mettre à pied une semaine tous les grévistes, des tabassages en règle comme à Mantes-la-Jolie. A l’inverse pour la manifestation « Pour le climat », le ministre, les proviseurs, les médias donnent un droit de sécher les cours !
Il est troublant d’entendre à la télé des écoliers de primaires réciter des comptines sur le méchant Co2 pendant que Blanquer est en train de supprimer l’enseignement des maths à un tiers des lycéens : quelle conception de la diffusion de la science !
Sur « l’affaire » du réchauffement climatique, sur quoi n’y a-t-il pas de doute à se faire ?
1° Que la planète a connu, ces dernières décennies, un épisode de réchauffement global, comme plusieurs autres fois au cours du dernier millénaire. Cette fois, il coïncide avec une augmentation, à des taux très faibles, de la proportion de gaz carbonique dans l’air due à l’activité humaine, Il est bon de rappeler que le CO2 n’étant pas un poison, mais un aliment pour la végétation.
2° Que le capitalisme, ses institutions publiques et privées, orchestrent une immense campagne mondiale, intrusive et systématique, catastrophiste sur la question.
La jeune ambassadrice suédoise proclamée du climat est reçue à l’Elysée et à Davos quand le plus inoffensif des altermondialistes est coffré à 10 km par la police. Pas un JT, une pub sur 2 sans référence au climat etc. L’omniprésence de cette propagande ne doit pas nous la rendre invisible.
Tous les aléas météorologiques, les conséquences dramatiques des catastrophes naturelles (largement aggravées par le capitalisme), les migrations forcées dues aux inégalités et à l’exploitation, même les guerres impérialistes sont mis sur le (bon) dos du réchauffement climatique.
On comprend l’intérêt du capitalisme mondialisé. Sur le plan idéologique, la promesse de l’apocalypse climatique permet de subordonner, de soumettre tous les acteurs économiques, y compris contestataires, à un impératif majeur, et à la croisade conduite par le système dominant. Cette arme idéologique est également un moyen de pression sur la consommation des travailleurs, ou encore sur le développement énergétique des pays émergents etc.
Sur le plan économique, à défaut d’une bonne guerre mondiale, des économistes en vue voient dans la lutte contre le réchauffement climatique une solution à la crise actuelle du capitalisme, avec la mobilisation de centaines de milliards de dollars (le chiffre symbolique de 1000 milliards est avancé pour l’ensemble des pays de l’OCDE) dans la transition énergétique pour reconstituer le taux de profit.
Les propagandistes en vue de l’affaire en France, hier, Fabius, aujourd’hui, Hulot et Berger (CFDT), pour ne citer qu’eux, ne sauraient être soupçonnés d’indépendance vis-à-vis du patronat !
Toutes ces constations doivent nous amener, nous communistes, à la plus grande vigilance et à l’analyse critique la plus sérieuse face à l’idéologie dominante, envahissante, sur les évolutions climatiques et leurs conséquences, aussi bien sur les plans scientifiques, économiques que politiques.
Peut-on s’intégrer dans la campagne dominante contre le réchauffement sur une posture anticapitaliste ? . Le risque est grand de cautionner, par exemple, malgré soi :
- Des transferts du « capitalisme noir » vers le « capitalisme vert ».
- Ou encore de valider, au nom « d’une juste répartition de l’effort », de nouvelles ponctions sur le monde du travail, une nouvelle surexploitation, au prétexte qu’un prélèvement serait effectué aussi sur le capital.
En fin de compte, c’est aussi et toujours le capital qui profite.
Les questions écologiques sont nécessairement, pour nous, à subordonner à notre perspective anticapitaliste et socialiste.
Matérialistes, nous devons rejeter les conceptions transcendantes diffusées par le capital selon lesquelles il faudrait « sauver la planète ou le climat » érigés en divinités.
Notre conception de l’écologie (qui comprend la défense du cadre de vie, la lutte contre les pollutions, la surexploitation des ressources naturelles, les dérégulations des transports, la spéculation urbanistique etc.), c’est-à-dire de l’interaction entre l’Homme et le reste de la nature, part de la réponse aux besoins de l’Humanité, avec la meilleure affectation – durable – des ressources naturelles et du travail humain.
« L’affaire » du réchauffement climatique, ses conséquences, doit être remise à sa place, dans le cadre de cette préoccupation fondamentale. Qui n’en est pas une pour le capitalisme, dans sa recherche du profit maximal à court terme.
L’affaire écologique, les manipulations idéologiques capitalistes, demandent tout autre chose qu’une réaction électoraliste adaptée !