Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
Accueil du site > Solidarité internationale > Élections municipales et régionales en Espagne : effondrement du PSOE sur (...)

Élections municipales et régionales en Espagne : effondrement du PSOE sur fond de contestation sociale et résultat mitigé pour Izquierda Unida

mai 2011, par Saint Martin d’Hères

On attendait beaucoup de ce scrutin-test pour le gouvernement socialiste de Zapatero, sur fond de plan d’austérité, de dégradation des conditions de vie pour les couches populaires et de contestation sociale lancée par le mouvement dit du 15 mai, les mobilisations pour la « démocratie réelle ».

Ces élections municipales et régionales du 22 mai ont été marquées par une participation relativement élevée de 66% (+ 3 points par rapport à 2007). Et surtout par la déroute historique du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).

Déroute historique du PSOE : perte d’1,5 million de voix ainsi que de Barcelone et Séville

Le PSOE obtient 27,79%, perdant 7,13 points par rapport à 2007 et plus d’1 million 500 000 voix. L’écart avec la formation de droite du Parti populaire (PP) atteint son maximum depuis les élections municipales de 1995, près de dix points.

Pourtant, la progression du PP est modeste (+ 1,91%) mais les 37,53% remportés par le PP suffisent à lui garantir une victoire écrasante lors de scrutin.

Tant aux élections municipales que régionales, la marée bleue renverse tout sur son passage.

Aux municipales, le PSOE perd non seulement 3 000 conseillers municipaux mais surtout plusieurs de ses fiefs historiques dont la capitale Andalouse, Séville, et sans doute la deuxième plus grande ville du pays, Barcelone qu’il gouvernait depuis 1979, bien que le scrutin soit serré et l’issue des diverses tractations encore incertaine.

Régionales : la marée bleue ne laisse aux socialistes que l’Extrémadure

Aux élections régionales, sur les 13 régions soumises au vote, les socialistes ne peuvent espérer en conserver qu’une, l’Extrémadure, en pactant avec Izquierda Unida (IU) alors que le PP avait conquis la majorité relative.

Le PSOE perd cinq régions dont la Castille-la-Manche, l’Aragon et les Asturies et ne conserve à l’heure qu’il est que l’Andalousie, dont le vote se déroulera en mars prochain, mais où le PSOE a été sèchement battu lors des municipales (39,36% pour le PP contre 32,22% pour le PSOE).

Victoire en trompe l’œil pour Izquierda Unida : fin de l’érosion et persistance du vote communiste

L’effondrement des socialistes a-t-il profité à Izquierda Unida, qui avait une opportunité historique, sans aucun concurrent à sa gauche ?

On serait tenté de dire : pas vraiment au vu d’un résultat somme toute mitigé.

Certes, pour la première fois depuis quinze ans, IU ne connaît pas de nouvelle érosion. Avec 6,13% des voix, il progresse même très légèrement par rapport aux scores de 2007 (+0,83%) dans un scrutin qui lui réussit généralement plutôt bien.

La carte électorale d’Izquierda Unida révèle sans surprise que ses meilleurs résultats restent dans les régions de tradition communiste : en Andalousie (11,98%), en Asturies (13,38%), dans la banlieue Madrilène (10,81%).

Les espoirs déçus d’un bond en avant électoral et la perte du « califat rouge » de Cordoba

Pourtant, ce succès apparente dissimule une réalité plus contrastée.

Tout d’abord, parce que les dirigeants d’Izquierda Unida nourrissaient de grands espoirs lors de ce scrutin. Sans aucun concurrent à gauche, et face à un PS en pleine décrépitude, ils espéraient réaliser un bond en avant. Le score obtenu ne constitue guère qu’un petit pas en avant.

Ensuite, parce que ces élections marquaient une nouvelle politique d’alliances, avec Los Verdes (les Verts espagnols), intégrée dans le processus dit de « Refondation d’Izquierda Unida ». Certes, les Verts sont une force mineure de la vie politique espagnole mais ils restaient sur un bond électoral aux dernières européennes de 2009, avec 2,5% et un député européen. Il n’est pas à exclure que les écologistes aient contribué, dans une petite mesure, à la croissance électorale constatée.

Enfin, comme le rappelait le dirigeant andalou d’Izquierda Unida, s’il y a victoire, elle a un « goût amer ». Car Izquierda Unida a perdu le bastion communiste, le « califat rouge », la ville de Cordoba, passée entre les mains de la droite.

A bien y regarder, le résultat d’Izquierda Unida, s’il marque bien un coup d’arrêt ponctuel dans la chute d’IU est loin de constituer une réussite.

Dans les Asturies, les communistes qui ont refusé Izquierda Unida, malgré les menaces et les pressions, font de la résistance dans le bassin minier

A noter que dans les Asturies, la direction du PCE – en connivence avec celle d’Izquierda Unida – a tout fait pour écraser les camarades qui refusaient l’alliance avec IU et le PSOE et désiraient se présenter en tant que liste communiste de rassemblement.

La force de l’appareil et des élus, la collaboration avec les socialistes, les menaces agressives d’exclusion du Parti ont pesé lourd mais n’ont pas entamé la détermination des camarades de onze sections des Asturies à présenter des candidatures communistes. Dans le bassin minier, les résultats sont honorables : 4,49% à Llanes, 5,09% à Cudillera, 7,26% à Taramundi, 9,93% à Norena avec 1 conseiller et surtout 10,15% dans la plus grande ville du bassin houllier, plus grosse section des Asturies, Langreo où les communistes gagnent deux sièges au conseil municipal.

La situation des communistes espagnols est toujours aussi chaotique. Le score d’Izquierda Unida montre la persistance du vote communiste mais la « Refondation d’Izquierda Unida » avec les écologistes espagnols échoue à enclencher une quelconque dynamique. La seule perspective offerte reste institutionnelle et centrée sur l’unité de la gauche : peser électoralement à gauche pour pouvoir tirer le PSOE vers la gauche.

Pourtant, plus que jamais le peuple d’Espagne a besoin d’un Parti communiste fort, combatif, présents dans la rue et sur les lieux de travail, donnant la priorité aux luttes et à l’alternative politique !

Le mouvement du 15 mai est demandeur d’une réelle alternative au consensus dominant PSOE-PP et non d’un remake gauchi d’une énième union de la gauche, source de désillusions et faisant le lit de la droite la plus extrême. Aux communistes espagnols de la construire, en recherchant une porte de sortie au piège que représente Izquierda Unida.