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Décès du général vietnamien Giap, vainqueur du colonialisme français et de l’impérialisme américain, communiste irréductible

octobre 2013, par Saint Martin d’Hères

Le général Vo Nguyen Giap, légende de la révolution viet-namienne, l’organisateur de l’armée vietnamienne, victorieuse contre les forces coloniales et impérialistes françaises puis américaines, est décédé ce 4 octobre, à l’âge de 102 ans.

Rares sont les personnages politiques et militaires qui ont autant marqué l’histoire du siècle que le général Giap : acteur décisif de la décolonisation et figure du communisme du XX ème siècle, hantise des forces de la réaction occidentale et héros de son peuple vietnamien.

Pourtant, rien ne prédisposait Giap à devenir un des plus grands généraux du XX ème siècle. Il le devint par soif d’indépendance de son pays, puis prise de conscience de son lien indissociable avec la lutte de classes, la construction du socialisme, l’engagement communiste, qui en firent.

Du nationalisme au communisme, de la lutte idéologique à l’organisation de la résistance

Dès ses années de lycée, Giap s’engage dans le mouvement nationaliste clandestin à Hué, où il contribue à la diffusion du matériel militant, tracts et journaux, ce qui lui vaut la prison en 1930. Il découvre progressivement le marxisme, grâce notamment aux éditions du PCF.

C’est lors de ses études universitaires à Hanoi, en 1937, qu’il s’engage au Parti communiste. Si il ne finit jamais son cursus de droit et d’économie, il devient professeur d’histoire à Hanoi.

En 1939, Giap prône alors la résistance nationale contre l’occupant français. Après l’interdiction du Parti communiste, Giap part en Chine rejoindre Ho-Chi-Minh, avec qui il fonde en 1941 le « Vietminh ».

La répression du colonialisme français est cruelle : sa femme, ses deux sœurs, son fils son père et sa belle-soeur sont arrêtés, torturés puis finalement exécutés par les forces françaises.

A partir de 1944, Giap devient commandant général de l’Armée populaire. Sa conception de la « guerre populaire » insistait sur l’organisation des masses révolutionnaires, la lutte idéologique et politique autant que sur des techniques de guerre novatrices, celles de la guerre de guérilla.

De l’« homme de paix » au « général malgré lui » : le vainqueur de Dien Bien Phû

Face au refus français d’accéder à l’indépendance du Vietnam, après les combats pour chasser l’occupant japonais, le général Giap et Ho-Chi-Minh sont contraints de se lancer dans une guerre de résistance, contre le colonialisme français.

Giap, lui qui aimait à se proclamer « homme de paix » et « général autodidacte » devient l’organisateur de l’armée vietnamienne dans la guerre d’Indochine. Il est surtout considéré comme le fin stratège de la victoire de Dien Bien Phu, en 1954, qui met fin au conflit.

Ses qualités de planificateur permettent à l’armée vietnamienne de mobiliser – grâce à un système ede tranchées, une chaîne logistique minutieuse – des centaines de pièces d’artillerie qui pilonnent inlassablement la cuvette de Dien Bien Phu, tandis que les troupes encerclent la place forte.

Le 7 mai 1954, les troupes françaises se rendent. C’est la première grande victoire d’un peuple colonisé face à l’armée expérimentée d’une grande puissance impérialiste. Giap en devient le héros, même si lui-même a toujours affirmé que le peuple vietnamien était le meilleur général de la guerre.

L’organisateur de la victoire contre l’occupant américain

Nommé ministre de la Défense du nouveau gouvernement du Vietnam-nord, la lutte continue, cette fois contre l’envahisseur nord-américain, toujours une guerre populaire pour Giap mêlant de façon intégrale aspects militaires, politiques, économiques et idéologiques.

La stratégie, comme le rappelait le général Giap, était : « de toujours prendre l’initiative, tout en connaissant bien l’ennemi (…) Il fallait forcer l’ennemi à combattre comme nous le voulions, sur le terrain que nous voulions ».

Planificateur inégalé, Giap construisit à partir de 1960 la « piste Ho-Vhi-Minh », un gigantesque réseau de communications de 20 000 km de long, du nord au sud du Vietnam, qui permet jusqu’à la fin de guerre de ravitailler la résistance au Sud.

Giap est sceptique sur la conception militaire derrière l’offensive du Têt en 1968 – un soulèvement général dans le Sud-Vietnam. Sa conception d’une attaque éclair et d’un repli consécutif, pour frapper le moral ennemi tout en évitant les pertes alliées, n’est pas retenue

La solution privilégiée par les dirigeants du Parti, une offensive plus soutenue, n’est pas une réussite militaire. Toutefois, elle répondit, des dires de même Giap, pleinement à un objectif politique : démoraliser l’ennemi, au front et aux arrières, afin de hâter la fin de la guerre.

Après avoir organisé la défense du Nord du pays en 1972 contre les bombardements américains, Giap coordonne l’offensive pour libérer le Sud-Vietnam, après les accords de Paris avec les Etats-unis signés en 1973.

En 1975, les opérations militaires menées par Giap – avec notamment les rudes batailles de Da Nang et Hué – conduisent à la prise de Saigon, puis à la réunification du Vietnam sous bannière socialiste.

Une fidélité sans faille dans l’engagement communiste

Dès lors, Giap occupe le poste de ministre de la Défense jusqu’en 1980, tout en étant membre de plein droit du Bureau politique du Parti communiste du Vietnam. En 1982, il est écarté du Bureau, officiellement pour des raisons liées à son état de santé. Officieusement, le désaccord est politique.

Giap quitte le Comité central en 1996, il n’en a pas pour autant cessé d’intervenir dans la vie politique. En 2009, il a exprimé son opposition aux ingérences chinoises pour exploiter les mines de bauxite des hauts plateaux du Sud, toujours dans le but de défendre l’indépendance du pays.

Jusqu’à sa mort, Giap a toujours été fidèle à ses idéaux communistes, au combat révolutionnaire qui fut celui de sa vie. Il a également toujours rendu hommage à l’action des communistes français, du PCF, dans le soutien actif apporté à la lutte pour l’indépendance du peuple vietnamien.

Quand on lui demandait si le Vietnam devait suivre la voie de la Russie et de la Chine, Giap répondait :

« Nous apprenons de l’expérience, à la fois bonne et mauvaise, du capitalisme. Mais nous avons notre propre vision, vietnamienne, des choses. J’aimerais ajouter que nous nous battons toujours pour l’indépendance, nous suivons toujours le chemin tracé par Ho-Chi-Minh, la voie de l’indépendance et du socialisme.

Je suis toujours socialiste mais qu’est-ce que le socialisme ? C’est l’indépendance et l’unité du pays. C’est la liberté et le bien-être pour ceux qui y vivent. Et c’est la paix et l’amitié entre tous les Hommes. »

Le combat de Giap pour la libération des peuples coloniaux du joug des puissances impérialistes, le lien entre indépendance et socialisme, recherche de l’unité et lutte idéologique, fut aussi historiquement celui des communistes français.

Il reste aussi pour nous le modèle d’un grand révolutionnaire du XX ème siècle, un exemple humain également de fidèlité à l’engagement communiste, d’humilité mais aussi de détermination face aux obstacles posés par la réaction sur le chemin de la libération.