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Conseil national du PCF des 21 et 22 octobre 2011 - Intervention d’Emmanuel Dang Tran.

novembre 2011, par Saint Martin d’Hères

Le capitalisme utilise sa propre crise à son profit faute d’organisation révolutionnaire suffisamment forte. Voilà qui se vérifie à nouveau, en Tunisie, en Europe, en France. La super-austérité sera-t-elle au menu avant ou après les élections de 2012 ? Les deux !

Une deuxième série de mesures antisociales est annoncée pour dans quelques semaines après le plan Fillon de la fin de l’été.

Le système prépare le terrain à une nouvelle « cure » au lendemain des élections au nom de la récession prévisible et de la dette publique que cette même politique des gouvernements successifs a creusée.

Baisse des salaires, « restructurations » ravageuses, privatisations, le patronat a le pied posé sur l’accélérateur.

Pourtant l’autre constat majeur dans la période, c’est la persistance d’une opposition massive à cette politique.

Le rapport de force manifesté l’an dernier pour défendre les retraites ne s’est pas évaporé. La journée d’action du 11 octobre n’a pas été l’échec annoncé.

La mobilisation des cheminots, à plusieurs reprises, notamment le mouvement spontané des contrôleurs, montre un point de convergence possible des luttes pour le service public, alors que les premiers trains de voyageurs privés doivent circuler en décembre.

Le monde le l’éducation a massivement fait grève le 27 septembre. Dans les raffineries, la métallurgie, l’agro-alimentaire, d’importantes luttes se développent qui posent les questions fondamentales de la politique industrielle.

Mais l’enfermement de la perspective politique sur l’échéance électorale, y compris dans les stratégies syndicales, pèse lourdement et anesthésie le mouvement social, décisif pour tout changement.

Communistes, dans le contexte pré-électoral, dans la campagne pour battre la droite et repousser l’extrême-droite, notre priorité est d’élever le niveau de riposte en partant de ces luttes actuelles, bien réelles, dans la perspective de l’aggravation brutale de l’offensive capitaliste comme celle qui frappe tour à tour les autres pays d’Europe.

Le plus contre-productif pour cela est de s’enfermer de même dans la perspective électorale et de rentrer dans la logique de l’alternance.

Que changerait une alternance avec l’équipe de François Hollande ? Se fera-t-elle dans l’intérêt des travailleurs ou des capitalistes ? Nous devons le dire clairement.

Dans tous les pays d’Europe, quand un gouvernement, usé, n’arrive plus à faire passer sa politique au service du capital, il passe la main à l’équipe de réserve, dans un sens ou dans un autre.

En France, cette équipe, c’est le PS et ses satellites, nous en avons une solide expérience depuis 30 ans.

L’entourage de Hollande commence déjà à remettre en cause les minces promesses, faussement présentées comme sociales, de son programme.

La « gauche » se prépare aussi à poursuivre les contre-réformes structurelles, à faire la part du travail que la droite a plus de mal à faire passer.

Souvenons-nous que la RGPP appliquée par Sarkozy contre la fonction publique découle de la LOLF (loi organique relative aux lois de finance) adoptée en commun par la droite et la « gauche » en 2000.

Constatons que depuis 2007, le pouvoir sarkozyste a accéléré le processus de marchandisation des services publics et la destruction des statuts des personnels mais a très peu privatisé. SNCF, Poste… : qui va passer à l’étape suivante ?

Nous avons l’expérience de 1997/2002. Le choix récent des socialistes à la Région Ile-de-France de mettre en concurrence la RATP sur plusieurs lignes de tramway est indicatif.

La droite a considérablement dégradé les prestations de la Sécurité sociale en continuant la sape de son financement par la cotisation sociale. Le programme du PS, Aubry comme Hollande, prépare, avec un rôle nouveau de la CSG et sa fusion avec l’impôt sur le revenu, une remise en cause complète, gravissime, de ses fondements mêmes.

Enfin, droite et « gauche » tirent la même conclusion de la crise : ils veulent « plus d’Europe », plus de « gouvernance européenne », c’est-à-dire de mise sous tutelle des démocraties nationales pour imposer le carcan de l’UE du capital.

Il est remarquable que le grand nombre qui veut se débarrasser à tout prix de la droite au pouvoir ne se fait pas non plus d’illusions sur le PS et l’alternance. Nous l’entendons tous les jours dans nos actions. Alors surtout, ce n’est pas au PCF d’en semer !

Le titre de l’Humanité-dimanche du 20 octobre est dramatiquement révélateur. « Hollande/Mélenchon, la véritable primaire commence ».

On dénonce le danger du « vote utile » et on démontre l’inutilité du vote Mélenchon ! Celui qui va gagner, pas de doute, c’est Hollande ! Voilà qui confirme combien Mélenchon n’est qu’un rabatteur socialiste et le Front de gauche une force d’appoint de l’alternance.

Dans le détail, sur le même mode, le rapport du CN met en avant les « propositions de loi qu’une majorité de gauche devrait défendre ».

C’est prendre les choses complètement à l’envers, placer les institutions avant les luttes, la victoire électorale de la « gauche » comme seul salut.

Pour sortir de cette impasse stratégique, il faudrait que le PCF affirme haut et fort qu’il exclut toute participation gouvernementale si Hollande est élu.

De la même façon dans les contenus, Mélenchon et le Front de gauche font le complément du PS. Mélenchon peut promettre un peu n’importe quoi « s’il est élu », « s’il arrive en tête de la gauche ».

Mais précisément ses quelques propositions s’apparentent à des surenchères sur le programme du PS qui du coup passe pour insuffisant mais allant quand même dans le bon sens.

C’est tout le contraire que le PCF devrait produire dans la campagne : battre en brèche le consensus UMP/PS (et FN), porter les propositions de rupture fondamentales.

Il est heureux d’entendre enfin de nouveau le mot « nationalisation » mais soyons précis.

Par exemple sur les banques. Un « pôle public financier », avec les institutions qui restent que la gauche plurielle n’a pas privatisées, c’est une belle illusion réformiste.

Quand le PS et la droite voient que la recapitalisation des banques va devenir une nécessité pour « sauver l’euro » de la crise, ils préparent l’opinion à un nouveau renflouement, une sorte de nationalisation des pertes.

La présence de quelques représentants de l’Etat en contrepartie dans le Conseil d’administration pour « impulser une autre politique du crédit » ne sera qu’un emballage pour faire passer la pilule.

La nationalisation que nous voulons, c’est la nationalisation intégrale de chaque banque, sans indemnité aux actionnaires déjà gavés de dividendes (et la réintégration de la Banque Postale dans La Poste).

Le consensus le plus fondamental que le PCF devrait faire exploser, dans la suite de ses positions historiques, c’est le consensus européen.

Que le Maastrichien Mélenchon défende l’UE et l’euro au nom d’une « autre Europe », c’est logique. Mais comment Pierre Laurent peut-il s’inquiéter que « l’UE risque de voler en éclats si elle n’est pas refondée » ?

Là encore, il faut arrêter de semer des illusions, de chercher par tous les moyens comme le PGE à relégitimer l’UE dont le but est d’écraser les résistances nationales aux politiques du capital.

Une bataille pour la rupture avec l’UE du capital et la fin de l’euro, instrument de la politique européenne d’austérité à perpétuité, peut déboucher sur une victoire politique majeure, quand « sauver l’euro » est l’obsession des dirigeants européens et le moyen de saigner les peuples.

Le minimum, c’est d’ouvrir le débat dans le Parti, au CN.

UE, Monnaie unique : est-ce que tout ce que le PCF a défendu jusqu’aux années 90 est à jeter aux orties ?

Le malaise est grand dans le Parti. Cela se reflète également au Conseil national. Mélenchon et les prétentions du Parti de gauche passent très mal chez les camarades. Le Front de gauche profite unilatéralement aux « partenaires ». Ils auraient tort de se priver de ce que leur apporte la poursuite de la stratégie d’effacement du Parti.

Des organisations parallèles du Front de gauche se constituent, avec plus ou moins de difficultés, à tous les niveaux, tendant à supplanter celles du Parti.

Elles se créent autour notamment de certains qui l’ont quitté, il y a plus ou moins longtemps, sur une base « droitière », contestant la raison d’être de la forme parti communiste, de personnalités d’obédience socialiste… Englober le PCF, en le vidant de sa substance, dans une organisation vaguement à gauche : le but du Front de gauche se confirme.

On ne peut laisser banaliser, aussi au Conseil national, des déclarations politiques aussi lourdes de signification que celles qu’a prononcées Pierre Laurent à la Fête de l’Humanité :

« Et permettez-moi un mot à l’attention de mes amis socialistes et d’Europe-écologie/les Verts. Ma franchise sera excusée.

Il y a vingt ans, vous nous disiez : soyez démocratiques et nous sommes devenus démocratiques.

Il y a dix ans, vous nous disiez : soyez écologistes et nous sommes devenus écologistes.

Alors aujourd’hui, à vous amis socialistes et écologistes, nous vous disons : soyez de gauche ».

Les socialistes auraient eu raison ! Le modèle politique démocratique, c’est le PS. Ah non alors !

La raison d’être des partis communistes, de leurs fondements théoriques, de leur forme d’organisation spécifique, éprouvés par l’Histoire et une longue réflexion inachevée sur le socialisme et la démocratie, est plus grande que jamais pour les travailleurs dans la lutte des classes.