Non seulement le mouvement étudiant chilien ne faiblit pas, mais il élargit sa base de mobilisation avec le soutien de plus en plus massif non seulement des enseignants mais aussi des mineurs en lutte contre la privatisation du cuivre, des travailleurs mécontents de la politique générale du gouvernement.
Luttant depuis plusieurs mois contre les plans d’approfondissement de la privatisation de l’éducation héritée de l’ère Pinochet (la municipalisation) et d’autonomisation des universités, avec privatisation et hausse des frais de scolarité qui l’accompagne.
Chiffres édifiants, les familles doivent assurer 30% des coûts de l’éducation primaire et secondaire tandis que l’université – largement dominée par les instituts autonomes privés – est fermée de plus en plus aux étudiants des classes populaires avec des frais de scolarité s’élevant jusqu’à 1 800 euros par mois. En moyenne, chaque étudiant chilien doit payer 30 000 euros à la fin de sa scolarité en remboursement de prêts destinés à couvrir les frais de scolarité.
Une éducation privatisée qui n’est pas gage de qualité puisque selon les chiffres de l’ONU, le système éducatif le plus ’efficace’ reste le système cubain public, universel et gratuit.
Après l’échec des manœuvres idéologiques, la répression policière
Le gouvernement avait jusqu’ici joué sur la division du mouvement et sur les manœuvres autour de son Grand accord national pour l’éducation (GANE) qui se proposait de ne rien changer au système au profit d’aménagements cosmétiques (augmentation des bourses, baisse des taux d’intérêts).
Les leaders du mouvement étudiant avaient répondu vigoureusement, tel Camila Vallejo, jeune communiste, secrétaire de la Fédération des étudiants de l’Université du Chili dénonçant « une série d’artifices et de trucs pour diviser et affaiblir le mouvement (…) un ’GANE’ qui représente une politique continuiste d’approfondissement d’un modèle éducatif bien précis que nous voulons tout simplement transformer ».
Face à l’échec de ces manœuvres idéologiques, le gouvernement a tenté de répondre par la force. Les manifestations du jeudi 4 ont été violemment réprimés avec l’arrestation de près de 900 jeunes. La dirigeante étudiante communiste Camila Vallejo avait alors dénoncé des « méthodes qui rappellent celles de la dictature ».
Un mouvement soudé par la répression, largement soutenu par les travailleurs Chiliens
Ce jeudi 9 août 2011, le bilan est moins lourd mais la police n’a pas hésité à user de la force : 398 arrestations et 78 blessés. Plusieurs témoignages font état d’agents provocateurs, sous capuches, descendant de cars de police en vue de faire dégénérer la manifestation à Santiago
Loin de diviser le mouvement, la répression le soude et l’aide à emporter l’adhésion la plus large de la population chilienne : 80% des Chiliens soutiennent le mouvement étudiant et seuls 25% se disent satisfaits du bilan du président de droite Pinera, un an après son élection.
Les syndicats des travailleurs du public et des mineurs ont annoncé d’ores et déjà leur intention de lancer un mouvement de grève pour soutenir le mouvement étudiant. Les mineurs luttent également contre la privatisation du cuivre, nationalisé sous Allende. Ils ont lancé le 11 juillet une grève historique paralysant l’extraction et impliquant les 30 000 mineurs du pays.
Les communistes toujours à l’avant-garde du mouvement
De plus en plus, les communistes sont perçus chez les étudiants comme chez les travailleurs comme une force politique de référence pour donner une direction politique aux luttes. Cela est évident au niveau étudiant avec le rôle de dirigeant naturel qu’a acquise Camila Vallejo, jeune communiste et secrétaire de première centrale syndicale chilienne.
Cela est également de plus en plus clair au niveau politique, avec le rôle de soutien et de point d’appui institutionnel du Parti communiste chilien (PCCh). Ce dernier a déjà déposé une plaine constitutionnelle pour demander la démission de Rodrigo Hinzpeter, ministre de l’Intérieur et responsable de la répression.
Guillermo Tellier, secrétaire du PCCh révèle même dans une interview à la Tercera dominical que le gouvernement a tenté, avant la manifestation du 9 aôut, de négocier directement avec le Parti communiste pour mettre un terme aux mobilisations.
Au-delà de cette reconnaissance implicite du rôle impulseur et dirigeant des communistes – que Tellier assume tout en refusant toute manipulation du mouvement à des fins partisanes – Tellier a profité de ces échanges avec le ministre de l’Education Lavin et le ministre de l’Intérieur Hinzpeter pour condamner leur politique et confirmer que le mouvement ne prendra fin qu’après satisfaction de ses revendications.
Au vu de l’absence de propositions nouvelles de la part du gouvernement Pinera après la manifestation du 9, l’annonce de mouvements de grève prochains dans le secteur du public et des mines et la déclaration de la leader étudiante Camila Vallejo sur un « calendrier de mobilisations » à venir, le mouvement n’est pas prêt de toucher à sa fin.
Article AC pour http://solidarite-internationale-pc...