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Les activités de la CODELCO (Corporation nationale de cuivre), entreprise publique chilienne d’exploitation du cuivre, ont été paralysées dans tout le pays. Les puits de Radomiro Tomic, Gabriela Mistral, Chuquicamata, El Salvador, Ventanas, El Teniente et d’Andina ont tous été occupés par les travailleurs.
La CODELCO est la première entreprise au monde dans le secteur, assurant 11% de la production mondiale (1,7 millions de tonnes de cuivre extrait) et rapportant 3,6 milliards de dollars de recettes à l’État en 2010.
Les mineurs ont choisi une date symbolique pour débrayer, celle du 40ème anniversaire de la nationalisation du secteur minier Chilien par le président Allende et le gouvernement d’Unité populaire socialiste-communiste. Le 11 juillet 1971 avait été décrété « Jour de la dignité nationale » par le président socialiste.
La popularité de cette mesure est telle qu’après le coup d’Etat de 1973, Augusto Pinochet ne prit pas le risque de revenir formellement sur cette décision.
Toutefois, avec le Décret 600 sur le statut de l’investissement étranger, Pinochet remit en cause dans les faits le principe de la nationalisation livrant l’exploitation aux multi-nationales à des conditions très avantageuses pour elles.
Pour l’année 2011, on estime que les multi-nationales du cuivre dégageront 34 milliards de profits, soit l’équivalent de 80% du budget public chilien ou encore quatre fois le budget de l’éducation, une comparaison lourde de sens au moment où étudiants et enseignants se mobilisent pour défendre le principe d’une éducation publique et gratuite de qualité.
Toutefois, cette très large privatisation de facto ne satisfait pas la voracité du gouvernement revanchard du multi-milliardaire Sebastian Pinera.
Il y a quelques semaines, le sous-secrétaire aux Mines, Pablo Wagner, qualifiait déjà la nationalisation du cuivre d’ « erreur historique ».
Un ballon d’essai puisque le président Pinera a annoncé depuis son intention d’entamer un « plan de restructuration » de l’entreprise pour attirer des capitaux privés. Outre le licenciement de 2 600 mineurs et la coupe dans les avantages sociaux, Pinera persiste dans l’idée d’ouvrir le capital de l’entreprise, jusqu’alors détenu à 100% par l’État, aux investisseurs privés.
D’après le syndicat, le plan gouvernemental prévoit notamment le passage de certains actifs de l’entreprise, comme celui de la mine de Gabriela Mistral, entre les mains du privé. « Une privatisation déguisée », selon le président de la Fédération des travailleurs du cuivre Raimundo Espinoza.
Le Parti communiste chilien (PCCh) a apporté tout son soutien aux mineurs notamment à travers la voix du député Lautaro Carmona qui a rendu un vibrant hommage à la lutte des mineurs, avec lesquels il se trouvait lundi : « Je voudrais exprimer toute ma reconnaissance à ces travailleurs pour leur contribution patriotique au rejet des plans visant à privatiser la CODELCO (…) Les travailleurs ont fait preuve, du point de vue de notre souveraineté économique, d’une grande responsabilité historique. Ils prirent toutes leurs responsabilités avec ce mouvement de grève exemplaire ».
Et le député communiste a conclu son intervention à l’Assemblée par un appel à la re-nationalisation intégrale du cuivre :« Vous pouvez compter sur nous, communistes et nos alliés, pour réaliser les plus grands efforts afin de re-nationaliser 50% des réserves mondiales de cuivre, aujourd’hui entre les mains des multi-nationales ».
Le mouvement des mineurs rejoint celui des étudiants chiliens, en grève générale reconductible depuis plusieurs semaines contre les plans confirmant la politique de privatisation de l’éducation primaire et secondaire entamée par Pinochet via la municipalisation, et accentuant la privatisation des universités.
Le 30 juin dernier, ce sont plus de 200 000 étudiants et professeurs, unis dans la lutte, qui ont manifesté dans les rues de Santiago du Chili contre la privatisation de l’éducation.
Un mouvement dont la porte-parole et leader est la secrétaire de la première centrale syndicale étudiante du pays (FECh – Fédération des étudiants de l’Université du Chili), Camila Vallejo, militante de la Jeunesse communiste revendiquant son identité communiste.
Le charisme et la résolution des positions de la jeune militante communiste vis-à-vis des projets gouvernementaux, ainsi que l’activité organisée des Jeunesses communistes chiliennes, ne sont pas sans avoir contribué au succès des mobilisations entreprises depuis le mois de mai. Ils ont également permis de renouer le lien entre l’organisation communiste et la jeunesse chilienne.
Mécontentement des mineurs, colère des étudiants, grogne des enseignants, toutes les couches de la société chilienne expriment massivement leur opposition aux plans de privatisation du gouvernement revanchard de Pinera, prêt à livrer ce qu’il reste du patrimoine national entre les mains du privé. La question décisive reste celle de la convergence des luttes à laquelle les communistes apporteront leur contribution décisive.