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20 eme anniversaire de la libération de Nelson Mandela

février 2010, par Saint Martin d’Hères

La meilleure maniere de lui rendre hommage, c’est de faire vivre son combat !

Des dirigeants du Parti Communiste Sud-africain au chef de l’Etat, tous ont rendu hommage à l’exemple que constitue Nelson Mandela pour les progressistes sud-africains, à l’occasion du 20ème anniversaire de sa libération.

Dans tout le pays, jeudi 11 février 2010, des centaines de milliers de sud-africains ont rendu hommage à Madiba, comme il est surnommé affectueusement. Deux cérémonies symboliques ont ponctué ces journées de commémoration : un rassemblement réunissant plus de 10 000 manifestants aux portes de Victor Verster, près du Cap, la dernière prison de Mandela ; ainsi que l’ouverture symbolique de la session du Parlement, au Cap, par Mandela en personne.

Mais rendre hommage à Mandela, c’est avant tout faire vivre son combat, dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, rester fidèle à ces idéaux.

C’était le sens du discours prononcé par le secrétaire général du PC Sud-africain, à l’occasion du 91ème anniversaire de Nelson Mandela : « Célébrer et honorer l’engagement de Madiba, c’est l’imiter » (cf. Le secrétaire général du SACP sur le 91ème anniversaire de Nelson Mandela : « Célébrer, honorer et imiter l’exemple révolutionnaire qu’il incarne » ). C’est ce qu’il faut retenir des propos, jeudi dernier de Jacob Zuma, le président de la République actuel : « Son engagement, celui de toute une vie, doit nous inspirer, il doit nous faire comprendre qu’il n’y aura aucun répit tant que nous n’aurons pas construit une société libérée de la pauvreté et des besoins ».

L’engagement de Mandela, c’est un idéal : celui d’une société non-raciale, juste et démocratique, libérée des forces de l’argent et de toute forme de domination bourgeoise, blanche ou noire. Un idéal démocratique et socialiste pour lequel Mandela se disait « prêt à mourir ». Pour réaliser cet idéal, Mandela a toujours montré la voie de la lutte.

Dans cette lutte, il a toujours pu compter sur les communistes. Et il leur a toujours rendu hommage. Hors d’Afrique du Sud, les communistes – et en particulier les communistes français – ont mené des campagnes de solidarité qui ont sapé la légitimité du régime d’apartheid. En Afrique du Sud, les communistes ont joué un rôle décisif dans la lutte clandestine contre le régime d’apartheid.

Des dizaines de milliers de communistes qui ont mené cette lutte et sont morts souvent les armes à la main, l’histoire retient deux noms symboliques : Joe Slovo, militant et théoricien, commandant militaire et dirigeant du parti, qui a reçu juste avant sa mort, en 1994, la décoration suprême décernée par l’ANC (Isithwalandwe), des mains de Mandela, et surtout Chris Hani, qui a incarné pendant des années la lutte armée dont il fut le commandant en chef, et pour laquelle il mourut en martyr en 1993.

Logiquement, le PC Sud-africain a apporté son soutien actif à la construction de l’Afrique du Sud démocratique, présidée par Mandela à partir de 1994. Partie prenante de l’alliance tripartite anti-apartheid – avec l’ANC et la COSATU, syndicat de classe –, il a donné une direction idéologique et des forces matérielles pour mettre l’Afrique du Sud sur la voie du socialisme et lutter contre les tendances à une restauration du capitalisme en Afrique du Sud, et au remplacement d’une élite blanche par une élite noire ou à la fusion de ces deux élites.

En 1996 déjà, contre les dirigeants droitiers de l’ANC qui avaient tenté de faire passer un projet néo-libéral (dénoncé par les communistes sous le nom de « projet de classe 1996 »), de collaboration entre bourgeoisies blanches et noires, à l’opposé de la réconciliation nationale populaire prônée par Mandela et les communistes. Leur alliance objective a permis de mettre en échec temporairement ce projet. Le remplacement de Mandela par Mbeki en 1999 a permis de matérialiser ce projet, trahissant les idéaux de la révolution nationale de 1994.

Dix ans après, la situation de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui est, par bien des aspects, inquiétante. Inégalités record, pauvreté persistante, chômage endémique, manque de services publics, corruption généralisée. Mais s’affliger des conséquences, c’est aussi prendre conscience des causes. L’héritage de plusieurs décennies de régime d’apartheid et le choix du néo-libéralisme décidé par la direction de l’ANC depuis 1999. Autrement dit, ce contre quoi Mandela et les communistes se sont toujours battus. Inévitable écueil pour les mouvements révolutionnaires qui, après vaincu l’ennemi de l’extérieur, doivent désormais combattre le plus insidieux, celui venant de ses propres rangs.

Malgré leur fidélité indéfectible à l’alliance historique issue de la résistance à l’apartheid, les communistes ont longtemps débattu de la pertinence du maintien de l’alliance au milieu des années 2000, devant le décalage entre les idéaux de l’alliance et la pratique libérale du gouvernement mené par l’ANC.

Finalement, forts de leur poids grandissant et de la vitalité de leur organisation – il faut encore rappeler que le Parti Communiste compte désormais 100 000 militants soit quatre fois plus qu’en 2004 et que la majorité des militants ont moins de 35 ans – les communistes, dans le parti donc mais aussi dans le syndicat, ont pu faire pencher la balance à gauche au sein de la coalition et contribuer de manière décisive à l’élection de Jacob Zuma, d’abord à la tête de l’ANC puis à la tête de l’Etat.

Sans illusions, les communistes n’ont pas pour autant baissé la garde. Ils y ont vu, à juste titre, un cadre plus propice au développement des luttes. A l’opportunité de dégager une perspective socialiste dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui. Mais seule la lutte peut faire bouger un gouvernement et un parti, sous influence d’éléments de la nouvelle bourgeoisie d’Etat et de la bourgeoisie industrielle.

L’année dernière, avec les luttes des employés municipaux et des ouvriers de la construction, récemment, avec les mobilisations des ouvriers des mines et du textile, dernièrement, avec la grève des machinistes de la banlieue de Johannesburg, les communistes impulsent, alimentent et dirigent les luttes. Ils renforcent l’alliance avec l’ANC, en construisant un rapport de force et en renforçant les tendances ouvrières, révolutionnaires et socialistes en son sein.

L’Afrique du Sud est à la croisée des chemins. Aujourd’hui comme jamais, le combat de Mandela est une référence pour l’ensemble du peuple sud-africain et est célébré par l’ensemble des forces politiques sud-africaines.
Pourtant, il n’a jamais été aussi menacé. Face à une droite (Alliance Démocratique) issue de l’apartheid, revancharde et prête à tisser des alliances avec la bourgeoisie noire ; face à une direction de l’ANC tiraillée entre une aile droite bourgeoisie, prête à répondre aux appels du pied de la bourgeoisie blanche, et une aile gauche soutenue par une base révolutionnaire mais menée par une direction souvent plus populiste que socialiste, seuls les communistes constituent aujourd’hui la force la plus résolue pour mener la révolution nationale démocratique à son terme, vers le socialisme.

Tout comme hier dans les geôles de Robben Island ou du Cap, dans les maquis sud-africains ou angolais, dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, l’union est un combat.